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Strings & Wind : carnet de route
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EXTRAITS DE 97 à 2000.
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9/6/98 Back in the South West Londres /Phoenix/Farmington via Gallup. Je me retrouve dans mon Beechcraft préféré, non celui ci est + grand 19 places, ciel immense, 31°, beaucoup de vent. Entre Gallup et Farmington, survol de la réserve avec les déserts immenses... quelques mésas et les arroyos sculptent le désert. au loin un grand pic rocheux ... Shiprock. 19h30 Arrivée à Farmington : 1h de décallage entre la réserve et l’Arizona ( comme le Nouveau Mexique ) soit 8h avec la France et 9h depuis l’arizona, alors que la réserve Hoppi au sein de la réserve navajo garde l’heure de l’arizona, et que la petite réserve navajo au coeur de la réserve hoppi est à l’heure navajo !!! compliqué. Mes bagages sont perdus, sûrement à Phoénix.
Je prends la voiture de location et pars tout de même vers Tsaile. Mon plan est dans mes bagages, mais le loueur me donne une vieille carte. OK, mais vers 20h00 après être passé devant Shiprock, la route s’arrête devant la montagne et devient une piste de plus en plus difficile : Buffalo Pass. Je m’arrête à un hogan et frappe, pas de réponse. Merde, j’ai oublié qu’il ne faut pas s’approcher, ils sont là mais n’ouvrirons jamais. La nuit tombe, je continue et croise enfin un 4X4, le conducteur navajo me confirme que la piste va bien à Lukachukai et rajoute que c’est assez dur ! Il a raison ! Je franchis la montagne à 10 Milles à l’heure et arrive enfin à Tsaile à 22h00. Lisa et Mark qui vont m’héberger dans leur trailer ont eu la bonne idée de m’attendre, heureusement car ils ont déménagés récemment je ne sais ou,dans un hogan du collège navajo. Retrouvailles, Diner et dodo.
10/6/98 Récupérer les bagages Mesa Airlines a récupéré mes bagages, je repars donc à Farmington (par l’autre route -Wheatfields Lake-Crystal-Sheep Springs). Je récupère mes sacs, achète un stand de guitare et échange la voiture car je veux un lecteur de cassettes pour pouvoir faire écouter les premières maquettes. Transfert des sacs et départ pour s’apercevoir que celle là n’a pas non plus de cassette player, tant pis elle est rouge et il faut rentrer- 2h de route. La différence avec l’Europe, c’est l’espace : on voit très loin, le ciel est immense, les distances incroyables.
11/6/98 Je bosse au festival du NCC Je passe la journée au Navajo Community College / NCC pour les aider à préparer le festival . Cleaner et décorer le VIP lounge, finir le montage de la scène. Je croise Ferlin Clark, l’organisateur du festival, très occupé. Il est favorable au projet mais comment va t’il nous aider ? J’ai appris entre temps que le Navajo Film Board Office demande pour tout tournage sur la réserve 500$ pour le dossier et 2.500$ par jour de tournage !
Il faut donc avoir le soutien du Navajo Community College ou du Navajo Arts Council pour pouvoir négocier. Ferlin ne comprend pas encore très bien qu’elles peuvent être les retombées, mais je suis confiant car je sais que le rapprochement de 2 cultures par le vent et la musique peut permettre à lui, au NCC, aux musiciens et aux Navajo en général de s’ouvrir vers l’extérieur, de faire connaitre leur culture, de trouver une autre audience. En ont ils envie ? Quand au festival, le fait de travailler avec eux me permet de rencontrer les techniciens vivant sur la réserve et susceptibles de pouvoir travailler avec moi. Par contre je suis un peu déçu par la programmation qui a mis de côté beaucoup de musiques traditionnelles... country, rock, reggae, hard, rap ... Imitations, imitations !
12/6/98 X de l’ambassade dans la réserve.. . Retour à Farmington, je récupère X de machin (responsable musique auprès de l’attaché culturel à l’ambassade française de Los Angelès) à l’aéroport. Back to Tsaile, on roule en écoutant les maquettes ( Mark , véritable Mc Gyver, m’a branché un lecteur sur l’allume cigare avec ampli énorme et 2 grosses enceintes).
X est très impressionné par les paysages et les maquettes. On nous donne 2 pass. Le festival est très local avec des groupes du coin pour le public de la réserve. Je présente Ferlin à X et sens de suite que Ferlin est très “frileux”. Je décide de réactiver la piste du festival intertribal de Gallup la semaine prochaine et d’axer mon séjour sur les relations directes avec les musiciens. Nous apprenons le soir que toute décision politique est très compliquée et très lente chez les navajos; Ferlin semble attendre la décision du NAC.
13/6/98 X de l’ambassade dans la réserve... Départ à 9h00 avec X et Lisa vers les 2 spots préalablement repérés. Un très gros vent souffle sur SleekRock. Super !
Echocave est abandonné car pas assez de vent alors que ça souffle fort partout. Retour au festival. Ben Barney le grand chef du NAC vient d’écouter les maquettes dans la voiture, il est impressionné. Nous sommes d’accords sur le fait que les natives ont trop tendances à copier les styles musicaux existants en se coupant de leurs racines, il sent bien les possibilités mais il ne me propose rien de concret pour la suite. Le projet semble trop gros pour leur structure, ils ont l’air de préférer se concentrer sur l’animation locale. Il faut changer de piste, je suis ici pour trop peu de temps pour courir après eux, ils ont toutes les cartes en main, on verra s’il y a du retour mais il ne faut rien en attendre mis à part peut être une lettre d’un soutien de principe. Je rencontre le staff du festival de Gallup, rendez vous est pris pour mardi. Je rencontre un photographe zuni qui me dit avoir adorer son séjour à Paris d’une semaine car... il pleuvait. Il adore la pluie et viendra peut être un jour à Bordeaux... quand il pleut. Je rencontre Bill Miller folk singer native qui n’a pas oublié ses traditions, son concert sera très bien. Dry reserve, réserve sèche, mon premier festival sans une seule cannette de bière au sol. Art qui s’occupe de la scène m’emmène mercredi repérer d’autres sites. X n’a pas supporté d’être logé dans une des chambres d’étudiants du NCC et a réservé une chambre à l’Holliday Inn de Chinle, je l’emmène et on en profite pour aller voir le plus beau canyon du monde, le Canyon de Chelly. X travaille depuis 2 ans à l’ambassade de Los Angelès. X a 23 ans. X me dit qu’il est très difficile de travailler avec des «minorités» ! Je comprend avec X que tout le système d’aide à l’export de la musique française est pourri. Il est plus facile et plus efficace pour la carrière d’X d’aider les gros concerts de promo aux USA des poids lourds de la musique française, pas de risques, le personnel d’ambassade sert de relais aux gros producteurs et tout le monde est content. X a pris un méchant coup de soleil. X m’explique que j’ai beaucoup de chance qu’un attaché culturel ait fait le voyage depuis LA, mais “déja il y a eu un problême avec ma chambre d’hotel alors tu comprends monter une prod ambitieuse dans la réserve, ça va être dur ”... Ah ah ah. Retour au festival, mais il fait maintenant trop froid ( env 2000m d’altitude). Nous partons à une party. Dans la montagne au dessus de Lukachukai, un grand feu à l’extérieur, beaucoup de navajos et la bière qui coule à flot ! Le producteur du calendrier le plus célèbre, m’explique qu’il a beaucoup de mal à trouver les créatures de rêve navajos pour ses photos. Fry Bread et junk food font du lard !
14/6/98 Fin de X dans la réserve
Nous récupérons X à son hotel, visite rapide du canyon : Spider rock, White House, Grand junction et Mummy cave, puis retour à Farmington déposer X à l’aéroport. En rentrant je rencontre Ruth et Mark chez Lisa et Mark; un couple de l’ouest qui vit dans les montagnes du Colorado. Mark est potier et a passé 4 ans comme professeur au NCC. Ruth a enseigné l’américain à Bordeaux pendant 3 ans, ses bons souvenirs : la pluie, le fleuve; ses mauvais : les rats, les cafards, l’impression que ça grouille partout là-dessous. Mark est impressionné par le projet, on peut compter sur lui pour nous aider et en plus c’est un bon guitariste. Il connait très bien les navajo et est le meilleur ami de Ferlin, il me dit de me concentrer sur les musiciens et les sites, les institutions navajo suivront ou pas ! Je suis très heureux d’avoir une confirmation de l’impression que j’avais. Il me fait un plan de 2 sites supplémentaires possibles.
15/6/98 A la recherche de Verdell Avec Lisa nous débarquons à Chinle pour chercher Verdell Primeaux et Johnny Mike, deux chanteurs exceptionnels avec qui je veux absolument travailler. J’avais raté de peu Verdell en Novembre, par hasard au marché de Chinle, et quelqu’un m’avait dit qu’il habitait effectivement dans le coin. Mais ou ? Il n’est pas dans l’annuaire, pas d’adresse...
A la boutique NAC, Lisa s’informe et on lui indique vaguement une direction; on a bien senti la suspiscion dans le magasin du fait de ma présence ( suis-je un flic, un employé d’une administration ? ). Ensuite porte à porte d’une dizaine de trailers, et hogans ( Lisa préfère que je reste dans la voiture), et enfin un voisin nous indique le trailer de Verdell. Lisa frappe à la porte, on lui répond que ce n’est pas ici mais dès qu’elle explique que je viens d’europe pour le rencontrer (ben ouais on en rajoute un peu, mais bon pas tellement), oui effectivement c’est lui ! Présentation, moment magique, quelqu’un que j’ai écouté souvent et dont j’admire le travail là devant moi. Je lui explique le projet et il m’accompagne à la voiture écouter les maquettes. Il est enthousiaste. Nous décidons de nous revoir jeudi avec Johnny Mike,son frêre. Etonnant comment j’ai pu ramer 2 jours avec les institutionnels français et navajo, et comment là ça fonctionne très vite avec un musicien que j’aime. Mark m’a parlé hier d’un hogan traditionnel à proximité duquel 1 éolienne faisait une musique particulière. Allez en route et j’enregistre une musique plutôt industrielle faite par le vent pour pomper et stocker l’eau dans un grand réservoir : ça crie, ça crache, ça gémit, ça souffle : Industrial Water War.
16/6/98 Merde, Ralph est mort Départ vers Gallup, nous nous arrêtons pour acheter de la nourriture pour Rocky-le cheval de Lisa- dans un magasin spécialisé- le paradis des cowboys et navajo -j’en profite pour acheter un lasso d’occasion. A Gallup, c’est moi qui fait le guide de Lisa, je l’emmêne dans un magasin voir les peintures de Patrick S, repas chinois et Music Center pour saluer Ralph. Son fils m’apprend qu’il est mort peu de temps après ma visite en Novembre; il n’était pas là mais son père lui avait beaucoup parlé de moi, il avait bien reçu ma carte postale de france mais n’avait pas mon adresse pour m’annoncer la mauvaise nouvelle. Il me dit préférer écouter de la musique que de parler de tout cela, nous écoutons The Holly Bubble from Fishtown que j’ai réalisé avec Willie Loco Alexander, il joue lui même du blues. Je suis très touché par la mort de Ralph. Ralph était la première personne que j’ai rencontré à Gallup et il m’a beaucoup aidé... Too bad. RV avec le festival Intertribal de Gallup (75ème année !). Je fais écouter les maquettes à Zonnie dans mon bureau/voiture... elle va nous faire une lettre de soutien. Elle ne peut pas lier la création au festival car ils préfèrent garder la programmation très traditionnelle, mais elle adore le concept et les maquettes et peut nous aider de nombreuses manières ( conseils / technique / location moins chère / aide à la promotion / etc ...). Elle doit faire voter le soutien à tous les membres de l’association mais elle nous dit pouvoir y arriver sans problêmes. C’est super que Mark ait pu me monter la big sono in the car, sans cela c’était Peanuts ! Je retrouve Martin Link du journal the Indian Trader, il va nous faire une lettre de soutien lui aussi et nous aider sur la promotion avant l’événement et après la sortie duCD. Retour à Tsaile. Et voilà encore 3h de voiture ! Le soir je retourne enregistrer le moulin à vent, essai de guitare, ça souffle !
17/6/98 Repérage avec Art Lukachukai, Round Rock, Red Rock, Mexican Water, Kayenta, Monument Valley, Mexican Hat, et nous voilà en Utah, impossible de trouver le spot de Mark et il est déja l’heure de rentrer. Tous les endroits auxquels pensait Art sont inexploitables; trop de poussière, ou de touristes, trop près de la route, ou pas assez de vent... Par contre nous avons le temps de parler longuement avec Art qui est à fond avec nous. Il sera régisseur et travaillera avec son pote Keith. C’est eux qui étaient responsables du plateau du festival, ils sont musiciens, font quelques sonos, travaillent à la maintenance du NCC, et sont sur toutes les manifestations de la réserve. Art est Yaki et Keith Navajo. ils sont indispensables. 18/6/98 Verdell nous invite à une Squaw Dance Repérage vers Many Farms en suivant le plan de Mark, un lieu très beau Hole in The Rock. L’endroit est assez poussiéreux, mais on peut peut être faire un enregistrement de guitares ici car la vue est magnifique et le vent au rendez vous. RV avec Verdell de plus en plus enthousiaste. Verdell a déja eu un problême avec la Native American Church à l’occasion du tournage d’un clip pour MTV. Ses chants sont exécutés dans le cadre de cérémonies de guérison ou durant les cérémonies liées au Peyotl. Il va donc rencontrer le comité directeur qui doit se réunir prochainement dans la réserve et parler en faveur du projet, pour avoir une lettre de soutien et d’autorisation de la NAC. Je fais un don de 50$ à l’église suivant son conseil. Verdell m’invite à une Squaw Dance ( ce soir ou demain soir à Lukachukai ou dans les environs, il n’est pas très sûr/ en tout cas il sait que c’est organisé par Joe Jim Junior !).
Au retour nous essayons de rentrer dans le canyon, nous pouvons aller jusqu’à News Paper Rock mais très vite il nous faut rebrousser chemin, une voiture est déja ensablée non loin de nous. Le soir nous partons à Lukachukai à la recherche de Jim Joe Junior, nous tournons pendant 1h sans trouver. A la station service, une femme nous assure qu’il n’y a pas de Squaw dance ce soir à Lukachukai, mais il y en a 3 à Round Rock, nous lui demandons le plus près et le plus facile à trouver, et en route, 1 h après nous voici sur un chemin au milieu de nulle part . Une maison, un tas de bois, un hogan et un canopy. Lisa s’approche d’un groupe de navajo, silence soudain et tous les regards tournés vers moi. Lisa explique que nous cherchons une Squaw dance.. “non ce n’est pas là”, que Verdell nous a invité chez Jim Joe Junior “oui c’est moi, entrez!” nous dit un homme qui nous invite à nous asseoir, et une vieille dame nous sert aussitôt à manger. Délicieux ragout de mouton avec des haricots noirs et fry bread. La squaw dance a lieu demain, ce soir c’était uniquement les préparatifs du corral ( la squaw dance commence par l’arrivée au galop de nombreux cavaliers habillés de couleurs vives). Si l’on est invité, quel accueil... sinon on vous fait sentir que vous n’avez rien à faire là ! Au retour dans un virage, en pleine nuit ... Road cattle, des vaches en plein milieu de la route !
19/6/98 Back to Zuni Pueblo Je pars à Zuni Pueblo, RV avec Fernando qui m’invite à déjeuner. Des pakistanais installés à Zuni pueblo depuis une dizaine d’années passent lui montrer leurs créations. Son frêre est en train de travailler sur un bracelet en argent magnifique, sa soeur vient de finir une kachina.
Fernando en plus d’être flutiste est un espèce de conseiller commercial dans la réserve (quel prix proposer ? en dessous de combien il ne faut pas descendre ? a qui proposer tel ou tel objet ?) et s’occupe de temps en temps lui même des transactions. Nous installons un studio improvisé dans l’annexe de sa maison qui n’est pas fini et qui abrite pour l’instant les chiens du quartier. Nous enregistrons un extrait de chaque flute en repérant à chaque fois l’accord. J’enregistre la flute sans son matériel incroyable ( micro, ampli et pédale d’effets de marque Radio Shack avec écho et parasites intégrés). Nous écoutons une maquette et Fernando me propose de commencer à bosser sur une copie. Et bref, c’est parti !
Fernando m’emmène ensuite dans les Zuni mountains (un spot possible : Dowyallane) et me fait visiter le coeur de Zuni pueblo, je suis présenté à tout le monde, malheureusement Patick S, peintre que j’admire est à New York en ce moment. Retour à Tsaile, et allez 5h1/2 de voiture en plus ! Lisa me présente ses amis Gino et Doug, Gino vit en louant des chalets qu’il a lui même construits, a part ça, il chasse le cerf à l’arc et fait le guide dans la forêt.
20/6/98 Bumpin day, Jusqu’au bout du Canyon de Chelly Gino nous drive en 4x4 dans le canyon. Il faut d’abord déposer au bureau du parc la licence du 4x4 et laisser le nom du guide navajo : Lisa. Lisa est une des seules à avoir le droit d’aller jusqu’au fond du canyon Del Muerto car sa famille possède les terres à cet endroit- interdit aux touristes. Journée bosses dessous et quelques chocs sur la tête... ça remue. Découverte des peintures et inscriptions anasazi, fabuleux village anasazi de Mummy cave
Pourquoi les Anasazis venus du Sud ont ils disparus au XIIIème siècle ? sécheresse ou montée des eaux, guerre ? En tout cas leurs villages sur les flancs du canyon avec pour seul accès des trous de la largeur du pied dans la falaise, sont vraiment impressionnants. Nous allons jusqu’à la propriété familliale où son grand père a planté une centaine d’arbres fruitiers dans les années 30... l’impression de se retrouver en normandie au beau milieu du désert. Son oncle continue à vivre ici 6 mois par an, il descend à pied par une piste assez dangereuse; sa cabane fait environ 3m sur 4, il a 75 ans. Au fond du canyon, à 2h (à pied ou en 4x4) de la première route, il a quand même réussi un jour à être sollicité par des mormons qui font du porte à porte !
21/6/98 Ouais ! Muley Point Nous repartons essayer de retrouver le spot de Mark
Au sommet de la mesa dominant Mexican Hat, nous trouvons une piste et 10’ après : Waouh, quelle vue, Monument Valley au loin, une rivière au pied de la mesa, tout autour le désert, pas de poussière, très rocheux et un vent violent : Muley Point. Nous avons notre deuxième spot possible, nous sommes en Utah, juste à la limite de l’Arizona.
22/6/98 Dans le désert et devant le trailer de Verdell... Retour chez Verdell, Johnny est là aussi, nous reécoutons les maquettes et décidons d’avancer le travail. Ils ont la possibilité d’avoir une journée de studio à Santa-Fe pour vraiment pas cher, ils vont donc commencer deux chansons qu’ils m’enverront et nous partageons les frais (200$ chacun) ...
Nous partons faire un test guitare à Sleek Rock... ça souffle, ça vibre fort. Retour chez Verdell, je refais un essai guitare/vent devant leur trailer, Johnny commence à chantonner... quelle voix. Moment magique, pas enregistré ! Détour par Window rock et retour.
23/6/98 Sweet Grass... & back to Europe J’apporte 200$ à Verdell et nous signons un précontrat, Johnny me bénit-ainsi que le contrat- à la Sweet Grass. Retour à Farmington, dépôt de la voiture de location qui affiche 3693 miles en plus - 5.900kms (420kms par jour de moyenne). 18h50 Beechcraft... une porte ne ferme pas, 1/2h de réparation (tournevis et marteau) et c’est reparti.
24/6/98 18h30 Vol Londres Bordeaux |
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De 98 à 2000 De 98 à 2000, la production Kazé au Japon se poursuit et aboutit au delà de toute espérance : (Création géo-acoustique + concerts + expo à Fukuoka + CD). La prod sur Strings & Wind s’endort. Peu ou pas d’intérêt des institutions françaises, seul le Conseil Régional d’Aquitaine m’aidera sur la suite. Verdell & Johnny m’envoient les bandes réalisées à Santa Fé, Fernando m’envoit un MD. Je continue à bosser sur des maquettes. Courriers, téléphone... Nous décidons avec Verdell, Fernando et Lisa de monter tout de même quelque chose.
2000 Après les voyages de repérages de 1997 et 98, je savais deux choses. 1- II ne fallait rien attendre des institutions américaines, diplomatiques françaises ou native américaines.
Le nouveau programme sera donc Mini installation géo-acoustique avec 1 guitare et 1 basse durant deux jours. L’installation se fera à Mulley Point
Un enregistrement en studio à Santa Fé. Une journée avec Verdel Primeaux et Johnny Mike, deux chanteurs de guérison Navajo et Sioux.
Un enregistrement à Zuni Pueblo. Directement chez Fernando avec du matériel portable pour des sessions complémentaires de flutes. |
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15/10/00 Bad time in Denver OK Let’s Go. Départ - Ailleurs - Envie - Peur - Aventure - Anxiété - Ne rien oublier - Fatigue - Chez soi - Inconnu - Nouveau - Ne rien perdre - Différent - L’autre - Fatigue - Désir - No Smoking - Attendre - Poids - Chaleur - Seul
Arrivée mouvementée à Denver. Putain pourquoi est-ce que c’est toujours moi qui collectionne les emmerdes ? Est-ce à cause de mon passeport canadien alors que je vis en France ? Ma gueule ? Mon look ? Enfin bref one more time ... You have to wait mister ! Requestions. Je dois récupérer mes bagages ici (alors qu’ils sont enregistrés jusqu’à Farmington) et en route pour la fouille. 4 molosses gantés de plastique vert dans une pièce pourrie éclairée au néon. Et allez, d’abord les poches, mon portefeuille, mon sac et puis on attaque le gros ... la guitare et la valise qui dégueule dès qu’on la touche... la mixette, le Dat, le MD, les pieds d’instruments, les bandes, lampe de poche, couteau, gafa, plastique ... Le tout sous un déluge de questions de 2 molosses à la fois... 1h1/2 ! et puis ok, c’est bon. Déprimant, démoralisant... refaire la valise. 2h d’attente et au moment de monter dans le petit Beechcraft -19 places pour Farmington, un agent de la sécurité me fait appeller et m’annonce que mes bagages sont bloqués ! Interdiction de transporter des fusils ! Longue conversation au Talkie Walkie et ils se rendent compte de leur erreur. 22h 15 Arrivée à Farmingon, louer une voiture, trouver un motel. 24h00 au lit. Journée de merde.
16/10/00 Ouf Réveillé à 7h. L’air sec de la région des 4 corners, Très chaud la journée mais ça gèle la nuit. Farmington, 15000 habitants, Main St, Pick ups partout, casquettes, jeans, chemises à carreaux et T-Shirts, bottes de cow boys ou chaussures de sport... Je déjeune en face de Navajo Trading Company. Petite balade, bof je n’aime pas Farmington, je préfère Gallup, ville plus petite mais plus vivante, plus ouverte. Départ vers la Réserve ShipRock, Crystal, Whittefield Lake,Tsaile. Dès que j’arrive chez Lisa et Mark, coup de fil de Verdell, il a une séance après demain à Santa Fé mais il est coincé sans voiture à Tuba City. Ok j’avance mon départ à demain et l’emmènerai. Mark et Lisa ne pourront venir, ils bossent.
17/10/00 Écoute de Kazé avec un navajo dans le désert 1Oh, départ Lukachukai, Round Rock, Many Farms. RV à 11h sur le parking de la station Fina. Super retrouvaille avec Verdell. On ramène Lisa à Tsaile. 12h30 départ... Gallup, Alburquerque, Santa fé. |
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La réserve Navajo Population environ 220.000 - Superficie : 17 500 815 acres - Constitution depuis 1938 Akêhe : merci Yei Bichei : kachina navajo Les mésas : montagnes aplaties Wash : les lits asséchés de cours d’eau. Hozho : l’harmonie. La réserve est la plus grande des USA, elle s’étend à cheval sur l’Arizona, le Nouveau Mexique, l’Utah et le Colorado. Les navajos sont des descendants des Athapaskan de l’Ouest du Canada, ils se sont installés ici entre le 14 et 16ème siècle. Cette région était autrefois peuplé par les Anasazis (200 BC-1300 AD). Le mot Anasazi vient du Navajo et est traduit soit par “Les Anciens” soit par “ Les Ancètres ennemis”. Des vestiges d’autres tribus ont été trouvés et datés ( entre 11.000 ans et 1300 avant JC). Les hogans, l’habitation traditionnelle ronde ou hexagonale, basse et bien isolée. 1 seule ouverture vers l’est, le toit avec beaucoup de bois et de terre isole du soleil. Même les navajos habitant des trailers ou des maisons gardent tout de même un hogan à proximité. Canopy : shelter house (4 poteaux et un toit fait de branches fraiches servant de protection du soleil) Une blague navajo : Qu’est ce qui est long et dur chez un homme hopi ? Son nom ! Ainsi Lisa Richards s’appelle en fait Lisa Sekaquaptewa Richards. Pourquoi les navajos sont ils souvent obèses ? Certainemment à cause du mélange Fry Bread (pain frit dans l’huile), coca, sucre, Junk Food ... Mais le fry bread n’est pas l’aliment traditionnel; après qu’ils aient été déplacés et enfin autorisés à rentrer chez eux, l’armée ne fournissait que de la farine et du lard et leur a appris à frire le pain. Résultat, l’obésité est un des problêmes majeurs sur la réserve. Les stoppeurs partout qui ne font pas de stop. Avec un pick up truck, on s’arrête, les stoppeurs montent à l’arrière sans dire ou ils vont et tapent à la vitre quand ils veulent descendre. Les navajos sont les seuls indiens pratiquant l’élevage (moutons, vaches et chevaux). Les navajos adorent les chevaux, les élèvent, les montent, les achètent, les vendent, les regardent, en parlent, font des rodéos... Les bergers à pied, à cheval, en pick up, en moto, en quad. L’alcoolisme : DRY RESERVE, réserve sèche mais les vendeurs d’alcool sur les voies d’accès à la réserve. En 97, j’avais été un soir au Tropics -entre Window Rock et Gallup (c’était la 1ère fois qu’on me demandait ma carte d’identité avant de me servir- au Nouveau Mexique il faut avoir 30 ans pour être servi si on ne vous connait pas), le propriétaire gère son bar de façon très stricte mais tout ce qui est buvable est en vente ici, sur place ou à emporter (le bar a été ouvert par son arrière grand-père, et n’a pas tellement changé depuis). Les Bootleggers sur la réserve, tout le monde les connait mais ils sont tolérés par la police du moment qu’ils font eux mêmes la police. Les animaux écrasés sur la route, partout et beaucoup. Les navajos ne touchent jamais un cadavre, ils laissent ce boulot aux corbeaux. Les animaux non écrasés sur les routes : chats, chiens, vaches, moutons, chevaux, corbeaux. La beauté et la diversité des paysages, déserts mais aussi montagnes, canyons... La chance pour les navajos d’être nombreux sur un lieu très vaste. 45% de chomage ! Un peuple artiste : tissage, bijouterie, sculpture et peinture à profusion. Les vendeurs de bijoux, de poterie, de couvertures ... sur tous les lieux touristiques. Et bien qu’il existe maintenant des fabrications à la chaine, j’ai pu voir à Gallup le lundi des dizaines d’artisans qui vendent leurs productions et achètent les matières premières. La radio KTNN moitié musique native et country, des émissions en anglais et en navajo. Le peuple sacré (Yei / Grand coyote / Grand serpent / le peuple du vent / du tonnerre...) Ils sont capables du bien comme du mal , on arrive à les manipuler grâce à des chants et à des prières. 4 Le chiffre navajo. 4 points cardinaux, 4 montagnes délimitant la réserve, quatre plantes sacrées (mais, courge, tabac, haricot). Hataalii : Chanteur. il fait les rites guérisseurs. Il ne connait que quelques chants associés à des peintures de sable. Ce n’est pas un shaman ou un sorcier. La guérison ( morale plutôt que médicale) est collective. |
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La réserve Hopi Population environ 9200 - Superficie 1 561 213 acres - Constitution depuis 1936 “Don’t worry, be happy- hopi” chanson remake en vogue et autocollants partout. Les panneaux routiers “For your safety, bucckle it”, deviennent ici “For the safety of the hopi, bucckle it”. 1st Mesa, visite en groupe obligatoire. Les hopis sont les descendants des des Sinagua qui vivaient dans des pueblos plus à l’Ouest, ils se sont installés ici au 12 et 13ème siècles pour une raison encore inconnue. Pour les hopis, cette région est le centre du monde. 2 énormes rochers (Corn Rock) s’effondreront pour annoncer le cataclysme, et seules les 3 mesas survivront. Les hopis se sont installés sur les hauteurs pour se défendre, ils se sont bien défendus mais sont maintenant complètement encerclés par la réserve navajo. La réserve parait bien plus sèche et aride que les terres navajos avoisinantes. Au loin le Mont San Francisco, un des lieux ou habitent les kachinas. Les nuages sont très souvent autour, et les prières hopis consistent à faire venir les nuages vers les mesas aux moments voulus. Walpi, la plaza ou se déroulent les fêtes, les spectateurs s’assoient sur les toits tout autour. 2 échelles émergent de salles souterraines-les kivas- réservées aux danseurs et aux maitres de cérémonie. Les cérémonies sont désormais interdites aux non-native. Les kachinas sont à la fois les poupées, les danseurs et les esprits de toutes les choses et êtres de la vie hopi ( plantes/animaux/forces cosmiques/ancêtres, clowns... et même maintenant hockeyeurs). Les kachinas dolls étaient des cadeaux sculptées pour apprendre aux enfants à les reconnaitre ( il y en a plus de 200 ). Chaque année, l’oncle sculptait une kachina et un des danseurs était chargé de la remettre à sa nièce durant la cérémonie. Ce sont désormais les navajos qui sculptent les kachinas de manière industrielle. Tourisme, tourisme... Certains hopis avaient le pouvoir de réduire leur taille et de se télétransporter jusque sur les pics de Monument Valley. |
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La réserve Zuni Population environ 9000 - Superficie 421 481 acres La langue zuni est différente de toutes les autres langues amérindiennes, La réserve est petite- 9000 habitants, les habitations de style pueblo - maisons en adobe, fours extérieurs en adobe. Zuni est l’un des grands centres de création de bijouterie traditionnelle (argent et turquoise), beaucoup d’artisans pakistanais se sont même installés ici. Zuni pueblo accepte encore des non-native lors des cérémonies traditionnelles ( contrairement aux hopis), les photos sont interdites. La cérémonie la plus connue est Shalako Les zunis ont adopté la religion catholique mais en la transformant un peu, en y rajoutant leurs propres cérémonies et dieux traditionnels. Comme Fernando me l’explique, “quand les missionnaires leur ont expliqué qu’il fallait en finir avec leurs dieux payens mi-hommes mi-animeaux et qu’ils ont ouverts la bible avec à la première page Adam et Eve nus avec un serpent, les zunis ont vite fait de gamberger et de faire leur propre mélange”. El Morro : Les américains visitent El Morro car il y a des inscriptions dans la roche datant de 2 ans avant l’arrivée du May Flower. Les espagnols sont venus ici étant persuadés que Zuni était l’une des 7 villes en or de la légende. En fait El Morro est beaucoup plus intéressant du fait que cette mesa était le seul point d’eau disponible dans la région. Un bassin naturel retient l’eau de pluie et de fonte des neiges. De tous temps, les hommes ont vénérés cet endroit. |
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Modestes Haïkus des 4 corners : LA ROUTE, LES MONTAGNES LE CAFE CHAUD AILLEURS, IL PLEUT.
LE SOLEIL SE LEVE LA MONTAGNE EST ROUGE LES CORBEAUX SUR LE CHIEN ECRASE
LE DESERT SI BEAU CANYON DE CHELLY JE, SUR LA ROUTE NAVAJO
TRAVERSER LA RIVIERE REMONTER LE CANYON REGARDER OU ON MET LES PIEDS
LE HOGAN ET LA PISTE LA MESA ET LES CORBEAUX YA NA TEH HI |
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Merci : Al Art Cipaudio Dine Élément Terre Fernando Cellicion Johnny Mike Keith La Boulangerie l’OARA La Région Aquitaine Laurent Lisa Sekaquaptewa Richards Mark Richards Mark Martin Pascal Monjanel Survival International Synkro Ralph Tim Tous les chanteurs de “People” Verdell Primeaux Yumiko Zina |
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