Carnet de route

Strings & Wind : carnet de route 

 

EXTRAITS DE 97 à 2000.

 

Carte

 27/10/97 New York 

Arrivée à N.Y, Tout est speed. Queues pour les douanes, Rush sur les taxis. Je tombe sur un Haitien fan de Jacques Villeneuve- petit accrochage en arrivant sur la 9ème Avenue. Y’a encore des progrès à faire!

N.Y. a la pêche mais le 1er truc que je vois c’est encore une queue mais devant 1 camion qui distribue de la nourriture pour les sans abris; au moins une centaine ici. Hotel gavé de français.. je sors.

Blarney Stone 34th St, pub irlandais, musique funk & soul à fond, une vieille black s’éclate en dansant toute seule.

 

  28/10/97 1ère journée à la new yorkaise, marcher vite et beaucoup 

De la 34ème, je monte à la 79ème, retour à la 48ème, puis à la 34ème. Remonter à la 60ème et repartir à la 34ème. Waouh speed city. Les odeurs bretzels, hot dogs, café, subway, circulation... Les sons klaxons, bribes de conversations, sirènes d’ambulances, de pompiers (les sirènes jouées manuellement sont de plus en plus SF).

Les structures françaises rencontrées sont très institutionnelles et mettent en avant le côté français attendu par les américains ( Maxime Leforestier chante Brassens, Régine Crespin...). Rien à attendre des institutions.

 

 29/10/97 Vers l’Ouest 

5h30, Vol vers Phoenix, j’arrive à 11h30 heure locale.

Phoenix, 30° en arrivant. 3 Milions d’habitants. La ville continue de s’étendre, désert tout autour. Impossible de louer une voiture avant demain soir et Gallup-Nouveau Mexique est à une journée en voiture. Je réserve donc une place sur un vol direct (180$ en + mais 2 jours sur place en +)...

3 solutions pour un fumeur - sortir à l’extérieur, boire des bières dans l’un des 2 seuls smoking aera, ne pas fumer... je passe la journée à essayer les 2 premières solutions.

17h30 en vol vers Gallup avec 12 autres personnes dans un Beechcraft 1900D, au dessus de montagnes qui paraissent inhabités, la nuit tombe.

Western Sky ... plus grand, plus beau.

 

 30/10/97 Gallup/ Nouveau Mexique 

Réveillé par un bruit très grave, j’ouvre les rideaux, 1 train de marchandises / 126 wagons, roule vers Santa Fé, 1 poteau américain en bois (j’adore les poteaux), au loin des montagnes basses et déchiquetées et partout une végétation de buissons jaunis. La I40 passe dans le tableau, trucks, busses, cars...

Je me trouve dans un motel sur la mythique route 66.

Gallup

...1er contact avec le gérant de Music Center, le magasin de musique . Il est guitariste et joue plutôt Country. On écoute un extrait de Vent de Guitares. Il est ému et me remercie ! La country représente pour lui le territoire américain, les longs trajets en voiture sur des routes qui n’en finissent pas. Mais là il prend une claque car il me dit entendre pour la première fois la musique de l’espace de l’Ouest sans l’être humain. Merci.

Il me donne le contact d’un flutiste Zuni, Fernando Cellicion.

RV avec l’animatrice de la TV locale ... Elle me file le contact d’un des organisateurs du festival intertribal de Gallup (78ème édition cette année/ le plus grand Pow Wow américain), je passe lui laisser un C.D et on prend RV pour lundi.

Je fais un saut au Red Rock State Park.

Très belles couvertures navajos, et puis ça change des bijoux argent & turquoise ! Gallup est la capitale mondiale de la bijouterie indienne (80% de la production passe par ici). Des dizaines et des dizaines de bijouterie. Mais la concentration crait la saturation!

Je rencontre Knifewing, musicien native qui mélange instruments traditionnels et rock-band. Il me donne son CD. Il me dit de ne pas rater ce soir le match Avalanches-Colorado / Blue Wings-St Louis! Je suis ses conseils; ça c’est du hockey!

 

 31/10/97 1er jour déterminant dans la réserve Navajo... 

Réveil 6H, tout est gelé, Window Rock n’est qu’à 1/2h de Gallup, mais différence d’horaire oblige (entre la réserve et l’Arizona), je ne suis devant le Window Rock qu’à 8h...

Sticker

Halloween. Décorations partout. Toute la journée je croiserai des monstres, des sorcières, des vampires, des clowns (bizarrement dans la réserve, je verrai plus d’adultes déguisés que d’enfants). Très bon contact avec l’animatrice “Native Music” de KTNN Radio- la radio navajo.

Elle me donne tout simplement un double de son fichier de musiciens native américains. Elle comprend le projet, et reste assise un long moment à écouter le CD. Elle va passer des extraits de Vent de Guitares et de Yak Yak en parlant du futur projet. Visite de la radio. 4/5 studios dans lesquels des traducteurs font leurs émissions en navajo et en américain.

Je pars pour Tsaile. 1h de route, paysage très verdoyant, des forêts, le lac de Wheatfields, neige sur le bas-côté bien qu’il fasse déja très chaud, on pourrait presque se croire dans les Rocky Mountains canadiennes.

 Navajo Community College

L’organisateur du festival de Tsaile n’est pas là. Al qui travaille avec lui est enthousiasmé par le projet (genre No problemo coco, I will produce you, les dents qui trainent par terre tendance universitaire chargé de gérer des projets et très heureux d’avoir un projet “culturel” à se mettre sous les dents). On verra bien, en tout cas il m’invite à la cafétéria (bonne bouffe 4$). Plus intéressant il me présente à Mark et Lisa dont l’oncle est l’un des rares propriétaires de terres au fond du Canyon de Chelly. L’endroit est très touristique mais certains terrains (dont ceux de sa famille) au nord du canyon sont interdits et réservés à l’élevage. Repérage dimanche matin pour aller faire le cow boy et ramener des vaches !

Arrêt à Chinle, marché en plein air à la sortie du village.

Maïs, pommes, vêtements, débarras, k7 de pow -wows... J’ai malheureusement raté Verdell Primeaux qui habite dans le coin, mais dont je n’ai pas le téléphone. Verdell est un chanteur renommé au style très particulier (musique de la First American Church/ culte du peyotl). J’essaierai de le contacter par l’intermédiaire de CanyonRecords, le producteur de musique native.

La route de Chinle à Window Rock / images de westerns tournés ici; à perte de vue des buissons jaunis, à gauche le canyon, à droite un berger à cheval garde ses moutons, un peu plus loin le berger est une bergère habillée de bleu turquoise.

 

 1/11/97 1er jour à Zuni Pueblo et El Morro ... 

Je pars à Zuni Pueblo.

Impossible de joindre Fernando. Je pars faire le touriste à El Morro. Les américains visitent El Morro car il y a des inscriptions dans la roche datant de 2 ans avant l’arrivée des anglais. Les espagnols sont venus ici étant persuadés que Zuni était l’une des 7 villes en or de la légende. En fait El Morro est beaucoup plus intéressant du fait que cette mesa était le seul point d’eau disponible dans la région. Un bassin naturel retient l’eau de pluie et de fonte des neiges. De tout temps, les hommes ont vénérés cet endroit

Route

1 américain d’Albuquerque me dit qu’il apprécie la france et surtout ses hockeyeurs! Quand je lui annonçe que je viens d’Europe... Moment de doute! Je cite Paris! Ah oui j’en ai entendu parlé. Retour à Zuni. Je prends un stoppeur indien. Quand à la question traditionnelle j’ai répondu France et qu’il m’a répondu Where ? j’ai dit Montréal, et ça passe ...

Fernando se lève, il me dit de rappeller dans une heure. 1h après, sa femme me dit qu’il est sorti, je lui dis que j’attends encore 1/4h avant de repartir. 5’ après Fernando est là, il m’invite chez lui... à 50m de la cabine !

Fernando est enthousiasmé par le projet. Il est inquiet, car il ne lit pas la musique, sa flute est pentatonique, il ne connait pas les accords. Je lui fait écouter Vent de Guitares et Yak Yak, et j’écoute un de ces C.D. Pas de problêmes, on est du même monde. Bien qu’il fasse dans les 28°, le feu est allumé dans la cheminée et on boit des cokes glaçés pour compenser...

Retour à Gallup. Je fais le tour de quelques magasins.

Fasciné par de très belles peintures de Patrick S peintre Zuni.

Petit aperçu de la T.V le samedi soir : Football/ série T.V/ Foot/ Country/ Statistiques de foot/ Infos/ Météo Country/ Foot...

 

 2/11/97 Je fais le cow boy dans le canyon de Chelly... 

Départ à 6h30. Je suis à 9h à Tsaile avec Mark et Lisa. le but de la journée : récupérer 16 vaches dans le canyon de Chelly et les pousser jusqu’à un enclos au Nord.

Canyon de Chelley

Nous laissons leur pick up truck sur une piste là où nous reviendrons. Nous nous faisons déposer par Al sur une autre piste à environ 8Kms. 3l d’eau, jumelles, pistolet, pique nique, fil de fer, cordes, talkie walkies. Nous attaquons la descente par une piste quasi invisible, au bout d’1/2h nous sommes au fond du canyon.

Les pistes assis à l’arrière du pick up truck. La descente du canyon. La longue marche au fond du canyon. Le son de la rivière, les oiseaux. Les paysages si changeants; forêts de chênes, sol tapissé de feuilles d’automne, et 100m plus loin, du sable, des cactus, des yucas, bords de rivière gazonnés et puis rocaille des montagnes rocheuses, à pics vertigineux, saules, sapins, fourmillières abandonnées en forme de gros tas de sable. Toute la journée nous franchirons régulièrement le cours d’eau qui serpente au fond du canyon. 1 cabane , nous restons à bonne distance et faisons du bruit, personne, la distance sera toutefois respectée.

Ah 1 vache, et puis quelques autres, et les voilà toutes. Nous continuons plus vite maintenant (ça marche vite une vache). Le canyon se resserre. Nous laissons les vaches dans un vaste corral grillagé. Le lendemain elles grimperont en haut du canyon et seront embarqués à Window Rock pour passer l’hiver au chaud, avant de retrouver, la liberté dans le canyon en Juin. 3/4h de remontée (et dire que les vaches vont passées par là!). En remontant, 3 inscriptions Anasazi dans la roche. La famille n’en parle pas pour éviter les chercheurs et les touristes sur leurs terres !

Pétroglyphe

Toute la journée... l’impression de vivre un moment exceptionnel, dans un endroit exceptionnel.

Retour à Gallup, toujours autant d’animaux écrasés sur la route, on ne roule pas plus vite et moins bien sur la réserve, mais les chiens en particulier ne sont pas effayés par les voitures et les navajos n’aiment pas toucher les cadavres, ce boulot est laissé aux corbeaux.

 

 3/11/97 Contacts à Gallup 

Je veux aller sur le site de Chaco mais je serai retenu toute la jounée à Gallup. RV avec le directeur du journal Indian Trader News. Très intéressé par le projet, Martin a 70 ans, s’occupe de son journal et donne quelques cours. C’est à mon avis la personne que j’ai rencontré qui connait le mieux la culture, ou plutôt les cultures indiennes. Bien qu’il n’ait plus le temps de s’investir à fond dans un tel projet, je sens qu’ici, il est très important d’avoir son aval et son soutien, pour toute collaboration avec des artistes natives ( j’en aurai la confirmation plus tard). Tout le monde le connait, il connait tout le monde, et tout le monde lui demande son avis. Il me donne une piste inattendue pour chercher des financements privés... l’Allemagne ! L’allemagne est le pays au monde le plus captivé par les indiens. Martin a donné ses premières conférences là bas en 1975 dans des clubs indiens. Les membres partent le week end en BM et Mercédès campés sous des Tee Pees habillés en peaux de daim

 

Indian Trader

 

 

 Il me donne le contact du régisseur du festival de Gallup ( la personne selon lui la plus à même de s’occuper de toute la prod exécutive). Je vais chercher Gerry 2/3 bonnes heures. J’arrive à le coincer 5’...Je lui laisse les éléments et basta, on verra bien.

Retour à Music Center voir Ralph. Ralph est mon pote désormais et ses contacts et conseils sont vraiment essentiels. Il Laisse le magasin à son fils et passe 1h à me faire écouter des Pow wow songs et à me faire sentir les différences Pueblos/Navajos. A son avis la musique Zuni se rapproche plus du projet. Il me donne 1 k7. Bien que je ne sois là que depuis 4 jours Ralph et Martin adhèrent au projet et ont commençés à me parler des dessous de la vie musicale et artistique locale ( untel va te demander de l’argent, celui là voudra tirer la couverture à lui, 1 autre doit de l’argent à tout le monde...). Je suis conforté par le bon feeling que j’ai eu avec Fernando.

Je vais maintenant consacré les 2 jours qui me restent à repérer des lieux possibles. Lisa m’emmène demain voir des navajos qui ont des terres voisines de celles de sa famille (les lieux vus dimanche sont trop inacessibles).

Est il possible en 2 jours de voir les abords du Canyon de Chenly, la réserve Hopi, + Monument Valley ? ça va être dur !

 

 4/11/97 Repérages dans la réserve ... 

Je passe prendre Lisa à 10h à Tsaile.

De toutes les personnes rencontrées, je pense que c’est elle qui a le mieux compris la dimension poétique d’échanges possibles natives/non natives. Le fait qu’elle soit moitié hopi, moitié navajo, qu’elle ait été élevé à Phoenix, qu’elle soit marié à un technicien américain, et le fait aussi qu’ils vivent en permanence sur la réserve, font d’elle une indigène moderne, ouverte et critique de la vie et de la politique navajo.

Lisa

Elle travaille régulièrement comme guide, et de ce fait elle pourra nous driver sur la réserve ( il faut obligatoirement avoir un guide navajo dès que l’on sort des routes, et dès qu’on est sur la réserve pour un projet particulier).

 

Canyon de Chelly.

Many farms

Paysages extraordinaires, mais envahis de convois de touristes en 4X4, à pied et à cheval.

Nous décidons d’éviter tous les parcs nationaux, et lieux touristiques : trop de monde, et trop de problêmes administratifs et d’argent pour les autorisations ( il y a eu inflation depuis le tournage de «Retour vers le futur» à Monument valley).

Lisa me conduit à Many Farms. Au nord du village, nous trouvons un endroit possible et privé que nous baptisons ECHOCAVE... une demi sphère de pierre rouge, une conque naturelle. L’écho est important, peut on envisager les guitares en bas (là ou il y a l’écho) et les percussions sur la butte ? La direction du vent semble bonne, y en a t’il assez ? Peut on aller dessus? Les propriétaires seront ils d’accord?

Nous repartons sur une piste inconnue...

Lunch à Chinle au Junction Restaurant, un Sheep Stew avec viande de mouton, haricots et maïs, enfin mon premier repas navajo.

Une piste au dessus du réservoir d’eau du village... 2ème spot possible baptisé SLEEK ROCK.

Sleek rock

L’endroit est élevé, très venté. Tout autour... La Beauté! Une espèce de successions de buttes très rondes, polies par le vent et l’eau. L’impression de se retrouver sur une dune de roche. Possibilité de disperser les guitares en suivant le mouvement du vallonement naturel. L’endroit est il suffisamment accesible? N’est il pas trop dangereux ? Autorisations du propriétaire?

Retour à Tsaile.

Au retour, écoute de Peyotle Tapes (musique de cérémonies de la Native American Church)- Verdell Primeaux & Jonnhy Mike.

Waouh! 1 chant profond et retenu, très intense avec des persussions Rattle & percu d’eau. Prenant, envoutant .

ça avance, ça avance même très bien” Joël Couttausse.

 

 5/11/97 Repérages suite + réserve hopi 

Je commence à connaitre la route : Gallup / Window Rock / Fort Defiance / Navajo / Wheatfields Lake/ Tsaile.

Réserve Hopi

Nous décidons d’aller voir les hopis.

Chinle / Steamboat / Kears Canyon / Polacca / 1st Mesa.

Don’t worry, be hopi” chanson remake en vogue et autocollants partout.

1st Mesa, visite en groupe obligatoire. Pour les hopis, cette région est le centre du monde. 2 énormes rochers (Corn Rock) s’effondreront pour annoncer le cataclysme, et seules les 3 mesas survivront. Les hopis se sont installés sur les hauteurs pour se défendre, ils se sont bien défendus mais sont maintenant complètement encerclés par la réserve navajo. La réserve parait bien plus sèche et aride que les terres navajos avoisinantes.

Au loin le Mont San Francisco, un des lieux ou habitent les kachinas. On voit les nuages autour, les prières hopis consistent à faire venir les nuages vers les mesas aux moments voulus.

Walpi, la plaza ou se déroulent les fêtes, les spectateurs s’assoient sur les toits tout autour. 2 échelles émergent de salles souterraines-les kivas- réservées aux danseurs et aux maitres de cérémonie.

Lisa se souvient petite d’avoir été terrorisée à chaque fête par l’arrivée des danseurs marchant lentement en rythme avec leurs clochettes autour des chevilles et leurs costumes de kachinas.

Les kachinas sont à la fois les poupées, les danseurs et les esprits de toutes les choses et êtres de la vie hopi ( plantes/ animaux/ forces cosmiques/ ancêtres,clowns,personnages divers, et même maintenant hockeyeurs). Les kachinas dolls étaient des cadeaux sculptées pour apprendre aux enfants à les reconnaitre ( il y en a plus de 200 ). Chaque année, l’oncle sculptait une kachina et un des danseurs était chargé de la remettre à sa nièce durant la cérémonie.

Ce sont désormais les navajos qui sculptent les kachinas de manière industrielle. Tourisme, tourisme...

Certains hopis avaient le pouvoir de réduire leur taille et de se télétransporter jusque sur les pics de Monument Valley.

Pas la peine de vouloir amener des guitares ici, les photos et enregistrements sont interdits dans le village, la région est infestée de serpents, scorpions et autres bebetes, et les fêtes sont désormais réservé aux seuls hopis.

Lunch près de la 3ème mesa. Piki-bread, haricots, maïs et délicieuses galettes bleu (le maïs le plus résistant).

Retour à Tsaile, Bowie à fond la caisse.

Mexican water

Nous savons maintenant qu’il faut éviter, les parcs nationaux, les lieux proches d’inscriptions Anasazi, les réserves Hopi et Zuni. Nous passons devant un beau spot possible (entre Ganado et Chinle), kind of Red Boat Rock.

Mais pas le temps d’aller voir de plus près. Lisa se propose de bosser sur la prod (contacts dans la réserve & suivi du projet) !

 

 6/11/97 -> Phoenix 

6h30 je reprends mon Beechcraft préféré. Dur de revenir dans une ville après ces 7 jours, surtout Phoenix : 30°, pas de réel centre ville, bus épisodiques, palmiers cactus et shorts, tout le monde à sa voiture climatisée. Central Avenue à 15h00 je suis le seul piéton en vue. Un tour au Heard Museum- sûrement le meilleur musée sur la culture indienne du sud ouest.

 

 7/11/97 

ça y est, j’ai pigé le système de bus, il faut attendre (jusqu’à 30’ et même 45’ le week end). Mais heureusement qu’ils sont là.

R.V avec Robert Doyle, boss de Canyon Records.

C’est la 1ère fois que je rencontre un producteur heureux !

Spécialisé dans la musique native, il vend très peu dans les circuits traditionnels du disque mais beaucoup aux indiens et dans toutes les boutiques sur les lieux touristiques liés aux indiens (U S A & Canada).

Ses bureaux (production / distribution et boutique ) sont en face de l’hopital indien d’Arizona. Dans la boutique, on trouve bien sûr ces C.D et K7 et tous les cadeaux habituels, mais aussi des instruments et accessoires pour les costumes (plumes, peaux, perles...). Son père a démarré en 1951, et il a maintenant plus de 400 références de k7 et C.D.

Il n’a pas le temps d’écouter car il repart en studio mais est très intéressé, il me donne quelques C.D pour continuer mon apprentissage de la musique native.

 

En fait Phoenix est une ville cool... pour l’automobiliste. Même le soir personne ne marche. Beaucoup de touristes, de retraités, de vacanciers. La saison est off dans la réserve, mais ici la saison dure toute l’année (la moyenne est de 23° en novembre) avec un petit creux en Juillet et Aout du fait de la chaleur. Down town il n’y a rien de plus que Up town ou ailleurs (Il n’y a que Scottsdale qui ait un quartier piétons).

 

Les américains sont gentils, ils ont des casquettes et souvent des T shirts marrants. Ici ils sont en shorts. Ils boivent du coca, du sprite et plein d’autres trucs gazeux. Ils sont souvent gros et même très gros. Ils ont des voitures.

 

 8/11/97 

Today 80° F. Journée dodo, bus, attente et shopping.

 

 9/11/97 

Houston -> Paris

 

 Lundi 10/11/97 Bordeaux

Arrivée à Bordeaux, il pleut, il fait gris,froid et humide.

 

CONCLUSIONS REPÉRAGE 97


LES POINTS NEGATIFS :

C’est loin. C’était très court dans la réserve.
ça coûte cher.

Les 2 seuls co-producteurs potentiels locaux n’ont pas encore dit oui ou non. Si l’organisateur de l’Inter tribal indian ceremonial de Gallup dit O.K, on devra faire la création au mois d’Aout avec beaucoup de touristes bien que le projet va évidemment être considérablement modifié, il risque dans ces conditions être rabaissé à la forme d’un concert spectaculaire.

Si le Navajo Community College dit OK pourra t’on tout de même compter sur la prestation de Gerry qui est le seul véritable régisseur local.

Bien que j’ai beaucoup avançé en si peu de temps,
il est inimaginable de débarquer sans au moins un
autre repérage.

 

LES POINTS POSITIFS :

C’est loin et beau.

Etre sur la réserve en tant que musicien et non pas touriste.

En 7 jours dans la région des Four Corners, j’ai pu rencontrer les structures et les personnes susceptibles de travailler avec moi.

J’ai rencontré des musiciens et surtout Fernando Cilicion avec qui j’ai envie de fonçer.

J’ai senti une attention et un intérêt vraiment étonnants malgré les différences évidentes de culture.

Je sais ou il est impossible de faire la création ( mettre de côté les décors cartes postales archi connus et chers).

J’ai 2 spots possibles bien que les recherches doivent continuer. Les 2 spots sont moins spectaculaires mais plus conformes à la vie et à l’environnement réels des navajo.

Je sais avec qui il ne faut pas travailler.

J’ai désormais tous les éléments ( livres, disques et rencontres ) me permettant de comprendre mieux les musiques indiennes.

Si le Navajo Community College dit oui sur le principe,
on pourra compter sur une personne vivant dans la réserve pour des recherches de financements supplémentaires.

Je peux désormais compter sur 2 guides locaux.

Je peux désormais compter sur un bureau/relais navajo.

Continuer les repérages, se mettre d’accord sur un spot, tester le vent, renforcer les contacts existants,
et commençer le travail avec des musiciens.

 

Sunset

 9/6/98 Back in the South West 

Londres /Phoenix/Farmington via Gallup.

Je me retrouve dans mon Beechcraft préféré, non celui ci est + grand 19 places, ciel immense, 31°, beaucoup de vent.

Entre Gallup et Farmington, survol de la réserve avec les déserts immenses... quelques mésas et les arroyos sculptent le désert. au loin un grand pic rocheux ... Shiprock.

19h30 Arrivée à Farmington :

1h de décallage entre la réserve et l’Arizona ( comme le Nouveau Mexique ) soit 8h avec la France et 9h depuis l’arizona, alors que la réserve Hoppi au sein de la réserve navajo garde l’heure de l’arizona, et que la petite réserve navajo au coeur de la réserve hoppi est à l’heure navajo !!! compliqué.

Mes bagages sont perdus, sûrement à Phoénix.

 

Je prends la voiture de location et pars tout de même vers Tsaile. Mon plan est dans mes bagages, mais le loueur me donne une vieille carte. OK, mais vers 20h00 après être passé devant Shiprock, la route s’arrête devant la montagne et devient une piste de plus en plus difficile : Buffalo Pass. Je m’arrête à un hogan et frappe, pas de réponse. Merde, j’ai oublié qu’il ne faut pas s’approcher, ils sont là mais n’ouvrirons jamais.

La nuit tombe, je continue et croise enfin un 4X4, le conducteur navajo me confirme que la piste va bien à Lukachukai et rajoute que c’est assez dur ! Il a raison ! Je franchis la montagne à 10 Milles à l’heure et arrive enfin à Tsaile à 22h00. Lisa et Mark qui vont m’héberger dans leur trailer ont eu la bonne idée de m’attendre, heureusement car ils ont déménagés récemment je ne sais ou,dans un hogan du collège navajo. Retrouvailles, Diner et dodo.

 

 10/6/98 Récupérer les bagages 

Mesa Airlines a récupéré mes bagages, je repars donc à Farmington (par l’autre route -Wheatfields Lake-Crystal-Sheep Springs). Je récupère mes sacs, achète un stand de guitare et échange la voiture car je veux un lecteur de cassettes pour pouvoir faire écouter les premières maquettes. Transfert des sacs et départ pour s’apercevoir que celle là n’a pas non plus de cassette player, tant pis elle est rouge et il faut rentrer- 2h de route.

La différence avec l’Europe, c’est l’espace : on voit très loin, le ciel est immense, les distances incroyables.

 

 11/6/98 Je bosse au festival du NCC 

Je passe la journée au Navajo Community College / NCC pour les aider à préparer le festival . Cleaner et décorer le VIP lounge, finir le montage de la scène. Je croise Ferlin Clark, l’organisateur du festival, très occupé. Il est favorable au projet mais comment va t’il nous aider ? J’ai appris entre temps que le Navajo Film Board Office demande pour tout tournage sur la réserve 500$ pour le dossier et 2.500$ par jour de tournage !

Pass

Il faut donc avoir le soutien du Navajo Community College ou du Navajo Arts Council pour pouvoir négocier. Ferlin ne comprend pas encore très bien qu’elles peuvent être les retombées, mais je suis confiant car je sais que le rapprochement de 2 cultures par le vent et la musique peut permettre à lui, au NCC, aux musiciens et aux Navajo en général de s’ouvrir vers l’extérieur, de faire connaitre leur culture, de trouver une autre audience. En ont ils envie ?

Quand au festival, le fait de travailler avec eux me permet de rencontrer les techniciens vivant sur la réserve et susceptibles de pouvoir travailler avec moi. Par contre je suis un peu déçu par la programmation qui a mis de côté beaucoup de musiques traditionnelles... country, rock, reggae, hard, rap ... Imitations, imitations !

 

 12/6/98 X de l’ambassade dans la réserve.. .

Retour à Farmington, je récupère X de machin (responsable musique auprès de l’attaché culturel à l’ambassade française de Los Angelès) à l’aéroport.

Back to Tsaile, on roule en écoutant les maquettes ( Mark , véritable Mc Gyver, m’a branché un lecteur sur l’allume cigare avec ampli énorme et 2 grosses enceintes).

Route

X est très impressionné par les paysages et les maquettes. On nous donne 2 pass. Le festival est très local avec des groupes du coin pour le public de la réserve. Je présente Ferlin à X et sens de suite que Ferlin est très “frileux”. Je décide de réactiver la piste du festival intertribal de Gallup la semaine prochaine et d’axer mon séjour sur les relations directes avec les musiciens. Nous apprenons le soir que toute décision politique est très compliquée et très lente chez les navajos;

Ferlin semble attendre la décision du NAC.

 

 13/6/98 X de l’ambassade dans la réserve... 

Départ à 9h00 avec X et Lisa vers les 2 spots préalablement repérés. Un très gros vent souffle sur SleekRock. Super !

Sleek rock

Echocave est abandonné car pas assez de vent alors que ça souffle fort partout.

Retour au festival. Ben Barney le grand chef du NAC vient d’écouter les maquettes dans la voiture, il est impressionné. Nous sommes d’accords sur le fait que les natives ont trop tendances à copier les styles musicaux existants en se coupant de leurs racines, il sent bien les possibilités mais il ne me propose rien de concret pour la suite. Le projet semble trop gros pour leur structure, ils ont l’air de préférer se concentrer sur l’animation locale.

Il faut changer de piste, je suis ici pour trop peu de temps pour courir après eux, ils ont toutes les cartes en main, on verra s’il y a du retour mais il ne faut rien en attendre mis à part peut être une lettre d’un soutien de principe. Je rencontre le staff du festival de Gallup, rendez vous est pris pour mardi.

Je rencontre un photographe zuni qui me dit avoir adorer son séjour à Paris d’une semaine car... il pleuvait. Il adore la pluie et viendra peut être un jour à Bordeaux... quand il pleut.

Je rencontre Bill Miller folk singer native qui n’a pas oublié ses traditions, son concert sera très bien.

Dry reserve, réserve sèche, mon premier festival sans une seule cannette de bière au sol.

Art qui s’occupe de la scène m’emmène mercredi repérer d’autres sites. X n’a pas supporté d’être logé dans une des chambres d’étudiants du NCC et a réservé une chambre à l’Holliday Inn de Chinle, je l’emmène et on en profite pour aller voir le plus beau canyon du monde, le Canyon de Chelly. X travaille depuis 2 ans à l’ambassade de Los Angelès. X a 23 ans. X me dit qu’il est très difficile de travailler avec des «minorités» !

Je comprend avec X que tout le système d’aide à l’export de la musique française est pourri. Il est plus facile et plus efficace pour la carrière d’X d’aider les gros concerts de promo aux USA des poids lourds de la musique française, pas de risques, le personnel d’ambassade sert de relais aux gros producteurs et tout le monde est content.

X a pris un méchant coup de soleil. X m’explique que j’ai beaucoup de chance qu’un attaché culturel ait fait le voyage depuis LA, mais “déja il y a eu un problême avec ma chambre d’hotel alors tu comprends monter une prod ambitieuse dans la réserve, ça va être dur ”... Ah ah ah.

Retour au festival, mais il fait maintenant trop froid ( env 2000m d’altitude). Nous partons à une party. Dans la montagne au dessus de Lukachukai, un grand feu à l’extérieur, beaucoup de navajos et la bière qui coule à flot ! Le producteur du calendrier le plus célèbre, m’explique qu’il a beaucoup de mal à trouver les créatures de rêve navajos pour ses photos. Fry Bread et junk food font du lard !

 

 14/6/98 Fin de X dans la réserve 

Canyon

Nous récupérons X à son hotel, visite rapide du canyon : Spider rock, White House, Grand junction et Mummy cave, puis retour à Farmington déposer X à l’aéroport.

En rentrant je rencontre Ruth et Mark chez Lisa et Mark; un couple de l’ouest qui vit dans les montagnes du Colorado. Mark est potier et a passé 4 ans comme professeur au NCC. Ruth a enseigné l’américain à Bordeaux pendant 3 ans, ses bons souvenirs : la pluie, le fleuve; ses mauvais : les rats, les cafards, l’impression que ça grouille partout là-dessous.

Mark est impressionné par le projet, on peut compter sur lui pour nous aider et en plus c’est un bon guitariste. Il connait très bien les navajo et est le meilleur ami de Ferlin, il me dit de me concentrer sur les musiciens et les sites, les institutions navajo suivront ou pas ! Je suis très heureux d’avoir une confirmation de l’impression que j’avais. Il me fait un plan de 2 sites supplémentaires possibles.

 

 15/6/98 A la recherche de Verdell 

Avec Lisa nous débarquons à Chinle pour chercher Verdell Primeaux et Johnny Mike, deux chanteurs exceptionnels avec qui je veux absolument travailler. J’avais raté de peu Verdell en Novembre, par hasard au marché de Chinle, et quelqu’un m’avait dit qu’il habitait effectivement dans le coin. Mais ou ?

Il n’est pas dans l’annuaire, pas d’adresse...

A la boutique NAC, Lisa s’informe et on lui indique vaguement une direction; on a bien senti la suspiscion dans le magasin du fait de ma présence ( suis-je un flic, un employé d’une administration ? ). Ensuite porte à porte d’une dizaine de trailers, et hogans ( Lisa préfère que je reste dans la voiture), et enfin un voisin nous indique le trailer de Verdell. Lisa frappe à la porte, on lui répond que ce n’est pas ici mais dès qu’elle explique que je viens d’europe pour le rencontrer (ben ouais on en rajoute un peu, mais bon pas tellement), oui effectivement c’est lui !

Présentation, moment magique, quelqu’un que j’ai écouté souvent et dont j’admire le travail là devant moi.

Je lui explique le projet et il m’accompagne à la voiture écouter les maquettes. Il est enthousiaste. Nous décidons de nous revoir jeudi avec Johnny Mike,son frêre.

Etonnant comment j’ai pu ramer 2 jours avec les institutionnels français et navajo, et comment là ça fonctionne très vite avec un musicien que j’aime.

Mark m’a parlé hier d’un hogan traditionnel à proximité duquel 1 éolienne faisait une musique particulière. Allez en route et j’enregistre une musique plutôt industrielle faite par le vent pour pomper et stocker l’eau dans un grand réservoir : ça crie, ça crache, ça gémit, ça souffle : Industrial Water War.

 

 16/6/98 Merde, Ralph est mort 

Départ vers Gallup, nous nous arrêtons pour acheter de la nourriture pour Rocky-le cheval de Lisa- dans un magasin spécialisé- le paradis des cowboys et navajo -j’en profite pour acheter un lasso d’occasion.

A Gallup, c’est moi qui fait le guide de Lisa, je l’emmêne dans un magasin voir les peintures de Patrick S, repas chinois et Music Center pour saluer Ralph. Son fils m’apprend qu’il est mort peu de temps après ma visite en Novembre; il n’était pas là mais son père lui avait beaucoup parlé de moi, il avait bien reçu ma carte postale de france mais n’avait pas mon adresse pour m’annoncer la mauvaise nouvelle. Il me dit préférer écouter de la musique que de parler de tout cela, nous écoutons The Holly Bubble from Fishtown que j’ai réalisé avec Willie Loco Alexander, il joue lui même du blues.

Je suis très touché par la mort de Ralph. Ralph était la première personne que j’ai rencontré à Gallup et il m’a beaucoup aidé... Too bad.

 

RV avec le festival Intertribal de Gallup (75ème année !). Je fais écouter les maquettes à Zonnie dans mon bureau/voiture... elle va nous faire une lettre de soutien. Elle ne peut pas lier la création au festival car ils préfèrent garder la programmation très traditionnelle, mais elle adore le concept et les maquettes et peut nous aider de nombreuses manières ( conseils / technique / location moins chère / aide à la promotion / etc ...). Elle doit faire voter le soutien à tous les membres de l’association mais elle nous dit pouvoir y arriver sans problêmes.

C’est super que Mark ait pu me monter la big sono in the car, sans cela c’était Peanuts !

Je retrouve Martin Link du journal the Indian Trader, il va nous faire une lettre de soutien lui aussi et nous aider sur la promotion avant l’événement et après la sortie duCD. Retour à Tsaile. Et voilà encore 3h de voiture ! Le soir je retourne enregistrer le moulin à vent, essai de guitare, ça souffle !

 

 17/6/98 Repérage avec Art 

Lukachukai, Round Rock, Red Rock, Mexican Water, Kayenta, Monument Valley, Mexican Hat, et nous voilà en Utah, impossible de trouver le spot de Mark et il est déja l’heure de rentrer.

Tous les endroits auxquels pensait Art sont inexploitables; trop de poussière, ou de touristes, trop près de la route, ou pas assez de vent... Par contre nous avons le temps de parler longuement avec Art qui est à fond avec nous. Il sera régisseur et travaillera avec son pote Keith. C’est eux qui étaient responsables du plateau du festival, ils sont musiciens, font quelques sonos, travaillent à la maintenance du NCC, et sont sur toutes les manifestations de la réserve. Art est Yaki et Keith Navajo. ils sont indispensables.

 

 18/6/98 Verdell nous invite à une Squaw Dance 

Repérage vers Many Farms en suivant le plan de Mark, un lieu très beau Hole in The Rock. L’endroit est assez poussiéreux, mais on peut peut être faire un enregistrement de guitares ici car la vue est magnifique et le vent au rendez vous.

RV avec Verdell de plus en plus enthousiaste. Verdell a déja eu un problême avec la Native American Church à l’occasion du tournage d’un clip pour MTV. Ses chants sont exécutés dans le cadre de cérémonies de guérison ou durant les cérémonies liées au Peyotl. Il va donc rencontrer le comité directeur qui doit se réunir prochainement dans la réserve et parler en faveur du projet, pour avoir une lettre de soutien et d’autorisation de la NAC. Je fais un don de 50$ à l’église suivant son conseil. Verdell m’invite à une Squaw Dance ( ce soir ou demain soir à Lukachukai ou dans les environs, il n’est pas très sûr/ en tout cas il sait que c’est organisé par Joe Jim Junior !).

Hole

Au retour nous essayons de rentrer dans le canyon, nous pouvons aller jusqu’à News Paper Rock mais très vite il nous faut rebrousser chemin, une voiture est déja ensablée non loin de nous.

Le soir nous partons à Lukachukai à la recherche de Jim Joe Junior, nous tournons pendant 1h sans trouver. A la station service, une femme nous assure qu’il n’y a pas de Squaw dance ce soir à Lukachukai, mais il y en a 3 à Round Rock, nous lui demandons le plus près et le plus facile à trouver, et en route, 1 h après nous voici sur un chemin au milieu de nulle part . Une maison, un tas de bois, un hogan et un canopy.

Lisa s’approche d’un groupe de navajo, silence soudain et tous les regards tournés vers moi. Lisa explique que nous cherchons une Squaw dance.. “non ce n’est pas là”, que Verdell nous a invité chez Jim Joe Junior “oui c’est moi, entrez!” nous dit un homme qui nous invite à nous asseoir, et une vieille dame nous sert aussitôt à manger. Délicieux ragout de mouton avec des haricots noirs et fry bread. La squaw dance a lieu demain, ce soir c’était uniquement les préparatifs du corral ( la squaw dance commence par l’arrivée au galop de nombreux cavaliers habillés de couleurs vives).

Si l’on est invité, quel accueil... sinon on vous fait sentir que vous n’avez rien à faire là !

Au retour dans un virage, en pleine nuit ... Road cattle, des vaches en plein milieu de la route !

 

 19/6/98 Back to Zuni Pueblo 

Je pars à Zuni Pueblo, RV avec Fernando qui m’invite à déjeuner. Des pakistanais installés à Zuni pueblo depuis une dizaine d’années passent lui montrer leurs créations.

Son frêre est en train de travailler sur un bracelet en argent magnifique, sa soeur vient de finir une kachina.

Bague

Fernando en plus d’être flutiste est un espèce de conseiller commercial dans la réserve (quel prix proposer ? en dessous de combien il ne faut pas descendre ? a qui proposer tel ou tel objet ?) et s’occupe de temps en temps lui même des transactions.

Nous installons un studio improvisé dans l’annexe de sa maison qui n’est pas fini et qui abrite pour l’instant les chiens du quartier. Nous enregistrons un extrait de chaque flute en repérant à chaque fois l’accord. J’enregistre la flute sans son matériel incroyable ( micro, ampli et pédale d’effets de marque Radio Shack avec écho et parasites intégrés). Nous écoutons une maquette et Fernando me propose de commencer à bosser sur une copie. Et bref, c’est parti !

studio

Fernando m’emmène ensuite dans les Zuni mountains (un spot possible : Dowyallane) et me fait visiter le coeur de Zuni pueblo, je suis présenté à tout le monde, malheureusement Patick S, peintre que j’admire est à New York en ce moment.

Retour à Tsaile, et allez 5h1/2 de voiture en plus ! Lisa me présente ses amis Gino et Doug, Gino vit en louant des chalets qu’il a lui même construits, a part ça, il chasse le cerf à l’arc et fait le guide dans la forêt.

 

 20/6/98 Bumpin day, Jusqu’au bout du Canyon de Chelly 

Gino nous drive en 4x4 dans le canyon. Il faut d’abord déposer au bureau du parc la licence du 4x4 et laisser le nom du guide navajo : Lisa.

Lisa est une des seules à avoir le droit d’aller jusqu’au fond du canyon Del Muerto car sa famille possède les terres à cet endroit- interdit aux touristes. Journée bosses dessous et quelques chocs sur la tête... ça remue. Découverte des peintures et inscriptions anasazi, fabuleux village anasazi de Mummy cave

cabane

Pourquoi les Anasazis venus du Sud ont ils disparus au XIIIème siècle ? sécheresse ou montée des eaux, guerre ? En tout cas leurs villages sur les flancs du canyon avec pour seul accès des trous de la largeur du pied dans la falaise, sont vraiment impressionnants.

Nous allons jusqu’à la propriété familliale où son grand père a planté une centaine d’arbres fruitiers dans les années 30... l’impression de se retrouver en normandie au beau milieu du désert. Son oncle continue à vivre ici 6 mois par an, il descend à pied par une piste assez dangereuse; sa cabane fait environ 3m sur 4, il a 75 ans. Au fond du canyon, à 2h (à pied ou en 4x4) de la première route, il a quand même réussi un jour à être sollicité par des mormons qui font du porte à porte !

 

 21/6/98 Ouais ! Muley Point 

Nous repartons essayer de retrouver le spot de Mark

Mulet point

Au sommet de la mesa dominant Mexican Hat, nous trouvons une piste et 10’ après : Waouh, quelle vue, Monument Valley au loin, une rivière au pied de la mesa, tout autour le désert, pas de poussière, très rocheux et un vent violent :

Muley Point.

Nous avons notre deuxième spot possible, nous sommes en Utah, juste à la limite de l’Arizona.

Cercle instruments

 

 

 22/6/98 Dans le désert et devant le trailer de Verdell... 

Retour chez Verdell, Johnny est là aussi, nous reécoutons les maquettes et décidons d’avancer le travail. Ils ont la possibilité d’avoir une journée de studio à Santa-Fe pour vraiment pas cher, ils vont donc commencer deux chansons qu’ils m’enverront et nous partageons les frais (200$ chacun) ...

Trailer de Verdell

Nous partons faire un test guitare à Sleek Rock... ça souffle, ça vibre fort.

Retour chez Verdell, je refais un essai guitare/vent devant leur trailer, Johnny commence à chantonner... quelle voix.

Moment magique, pas enregistré !

Détour par Window rock et retour.

 

 23/6/98 Sweet Grass... & back to Europe 

J’apporte 200$ à Verdell et nous signons un précontrat, Johnny me bénit-ainsi que le contrat- à la Sweet Grass.

Retour à Farmington, dépôt de la voiture de location qui affiche 3693 miles en plus - 5.900kms (420kms par jour de moyenne).

18h50 Beechcraft... une porte ne ferme pas, 1/2h de réparation (tournevis et marteau) et c’est reparti.

 

 24/6/98 

18h30 Vol Londres Bordeaux

CONCLUSIONS REPÉRAGE 98


LES POINTS NEGATIFS :

C’est très loin.

Il faut des billets d’avion, des locations de véhicules
et de l’argent.

 

LES POINTS POSITIFS :

C’est très loin.

Avec un peu d’argent on peut le faire.

C’est incroyablement beau.

Le projet est complètement modulable suivant
le financement disponible sans toucher au concept même.

Le travail a déja démarré avec les musiciens Fernando Cellicion et Verdell Primeaux & Johnny Mike.

Nous avons un bureau dans la réserve navajo.

L’équipe américaine et native est constituée.

J’ai 2 spots possibles; des lieux magnifiques et très ventés.

Je vais avoir des lettres de soutien de La Native American Church, du Festival Intertribal de Gallup et du journal Indian Trader et peut être du Navajo Arts Council.

C’est parti.

De 98 à 2000

De 98 à 2000, la production Kazé au Japon se poursuit et aboutit au delà de toute espérance :

(Création géo-acoustique + concerts + expo à Fukuoka + CD).

La prod sur Strings & Wind s’endort.

Peu ou pas d’intérêt des institutions françaises, seul le Conseil Régional d’Aquitaine m’aidera sur la suite.

Verdell & Johnny m’envoient les bandes réalisées à Santa Fé,

Fernando m’envoit un MD. Je continue à bosser sur des maquettes.

Courriers, téléphone... Nous décidons avec Verdell, Fernando et Lisa de monter tout de même quelque chose.

 

2000

Après les voyages de repérages de 1997 et 98, je savais deux choses.

1-  II ne fallait rien attendre des institutions américaines, diplomatiques françaises ou native américaines.

2 - Les contacts humains et musicaux établis appelaient une création commune.

 

Le nouveau programme sera donc
une installation dans le désert.

Mini installation géo-acoustique avec 1 guitare et 1 basse durant deux jours. L’installation se fera à Mulley Point
à la limite de l’Utah et de l’Arizona face à Monument Valley et/ou à Sleek Rocks dans la réserve Navajo
au dessus de Chinle.

 

Un enregistrement en studio à Santa Fé.

Une journée avec Verdel Primeaux et Johnny Mike, deux chanteurs de guérison Navajo et Sioux.
Nous avons déjà travaillé ensemble en nous envoyant des bandes.
Une journée avec Fernando Cellicion, flutiste Zuni / enregistrement de voix, flutes et tambours.

 

Un enregistrement à Zuni Pueblo.

Directement chez Fernando avec du matériel portable pour des sessions complémentaires de flutes.
Les compositions, enregistrements supplémentaires, et mix auront lieu à Bordeaux.

 

 

 15/10/00 Bad time in Denver 

OK Let’s Go. Départ - Ailleurs - Envie - Peur - Aventure - Anxiété - Ne rien oublier - Fatigue - Chez soi - Inconnu - Nouveau - Ne rien perdre - Différent - L’autre - Fatigue - Désir - No Smoking - Attendre - Poids - Chaleur - Seul

Arrivée mouvementée à Denver.

Putain pourquoi est-ce que c’est toujours moi qui collectionne les emmerdes ?

Est-ce à cause de mon passeport canadien alors que je vis en France ?

Ma gueule ?

Mon look ?

Enfin bref one more time ... You have to wait mister !

Requestions.

Je dois récupérer mes bagages ici (alors qu’ils sont enregistrés jusqu’à Farmington) et en route pour la fouille. 4 molosses gantés de plastique vert dans une pièce pourrie éclairée au néon. Et allez, d’abord les poches, mon portefeuille, mon sac et puis on attaque le gros ... la guitare et la valise qui dégueule dès qu’on la touche... la mixette, le Dat, le MD, les pieds d’instruments, les bandes, lampe de poche, couteau, gafa, plastique ... Le tout sous un déluge de questions de 2 molosses à la fois... 1h1/2 !

et puis ok, c’est bon. Déprimant, démoralisant... refaire la valise. 2h d’attente et au moment de monter dans le petit Beechcraft -19 places pour Farmington, un agent de la sécurité me fait appeller et m’annonce que mes bagages sont bloqués !

Interdiction de transporter des fusils ! Longue conversation au Talkie Walkie et ils se rendent compte de leur erreur.

22h 15 Arrivée à Farmingon, louer une voiture, trouver un motel.

24h00 au lit. Journée de merde.

 

 16/10/00 Ouf 

Réveillé à 7h. L’air sec de la région des 4 corners, Très chaud la journée mais ça gèle la nuit.

Farmington, 15000 habitants, Main St, Pick ups partout, casquettes, jeans, chemises à carreaux et T-Shirts, bottes de cow boys ou chaussures de sport... Je déjeune en face de Navajo Trading Company. Petite balade, bof je n’aime pas Farmington, je préfère Gallup, ville plus petite mais plus vivante, plus ouverte. Départ vers la Réserve

ShipRock, Crystal, Whittefield Lake,Tsaile. Dès que j’arrive chez Lisa et Mark, coup de fil de Verdell, il a une séance après demain à Santa Fé mais il est coincé sans voiture à Tuba City. Ok j’avance mon départ à demain et l’emmènerai. Mark et Lisa ne pourront venir, ils bossent.

 

 17/10/00 Écoute de Kazé avec un navajo dans le désert 

1Oh, départ Lukachukai, Round Rock, Many Farms.

RV à 11h sur le parking de la station Fina.

Super retrouvaille avec Verdell. On ramène Lisa à Tsaile.

12h30 départ... Gallup, Alburquerque, Santa fé.

Truck

Verdell a fait une cérémonie la nuit dernière, il dort au moins 3h dans la voiture. De temps en temps je le réveille pour être sûr de la direction.

Quelle expérience, écouter à fond un album franco japonais en traversant la réserve navajo avec un sioux ! Verdell adore, chaque fois qu’il se réveille, il remet un petit morceau... à fond ! MÂHHH (Super en Sioux).

18h arrivée au studio. Cassé.

Personne au studio, nous passons chez le producteur de Robbie Robertson. Peter & Carolun nous accueillent, Verdell doit bosser sur 2 de leurs chansons demain. Peter bossait avant pour une boîte de disque allemande genre New Age World Music ... Très couleur locale quoi, Santa Fé est le paradis des New Ageux américains plutôt friqués.

Carolun nous trouve un motel et négocie le prix, nous prenons une chambre pour deux. Pizza dégueu et dodo.

 

 18/10/00 Repos in Santa Fé & petite histoire sur le show bizz 

Petit Déj chez Peter où Verdell m’apprend que le show biz est encore pire que ce que je ne pensai.

Il en est à son 11ème album et n’a jamais touché d’argent que sur les ventes de disques. Il n’a pas de Copyright, pas de droits d’auteur car sa boite estime que ses chansons sont des traditionnels (alors que la plupart des chants de guérison de Verdell et Johnny sont des improvisations)!

Le pire étant de participer au disque de Robbie Robertson en signant à mon avis le meilleur morceau et ne rien toucher sur le cd vendu maintenant à plus de 1 million d’ex.

4J de studio pour 100 $, sous le prétexte que tout à été organisé et réglé par sa boite de disque... Robbie est juste passé une fois au studio en limousine pour voir si tout allait bien et leur a royalement laissé 100 $ de plus pour leur diner.

Qui a pris l’argent ???

Et tout cela est fait -sciemment ou pas- par des boites et des artistes qui tous mettent en avant la préservation de la culture native (avec sticker, une partie des fonds sera reversé blablabla) et naviguent sur la mode WorldNew Age...

Dégueulasse.

Malgré mes faibles moyens, je ferai tout pour que ces grands artistes touchent un max. Nous cosignerons les morceaux ensemble. J’ai donné 150$ à Verdell pour qu’il puisse réparer sa caisse et descendre de Salt Lake City à Tuba City. Je pais le motel et la bouffe je donnerai 200$ à chacun.

Merde ils ont le meilleur morcau d’un CD vendu à plus de 1M et ils n’ont pas eu un kopeck... même en ne touchant que 10 cents par CD, ils devraient avoir plus de 800.000FF. J’espère qu’aujourdhui, ils ne se feront pas arnaqués par Peter qui sous ses longs discours neworldage a bossé pendant plus de 15 ans dans ce worldmusic business merdique.

Retour au studio, Verdell me parle de sa femme, je lui parle de ma mère, toutes les 2 parties avec le cancer.

Verdell me dit que sa femme voulait me faire la cuisine quand je reviendrai,je lui dis que j’ai échappé au FryBread, nous rions et puis nous pleurons ensemble et décidons de faire un putain de disque.

Bad Man ! MÂHHH !!!!!!

Johnny arrive, il bosse à Los Alamos maintenant (désamiantage et décontamination radioactive !) .

Retrouvailles.

Leur séance démarre, je m’éclipse.

Je trouve un resto coréen à emporter, BiMimBap, retour au motel, Hockey à la TV, dodo tôt.

 

 19/10/00 Chanteurs de guérison au studio 

Assez bien dormi, je commence à récupérer.

Le grand jour, la pression monte, c’est un grand pari pour moi, un quitte ou double. Je dois être dingue, venir de france pour entre autres enregistrer avec des artistes que je n’ai pas vu depuis 2 ans, avec qui les répétitions se sont limitées à des envois de bandes, venir à Santa Fé dans un studio tellement cher que je ne peux prendre que 12h de séances...

Il faut que les dieux soient avec nous, les dieux navajo, sioux, japonais, occidentaux... on a besoin de tout le monde.

Quelle journée, comment raconter ça ?

J’en suis incapable...

Bon juste quelques éléments pour vaguement entrevoir la plus étrange séance de ma vie.

Studio

Au studio à 10H, j’apprends que Johnny est reparti bosser ce matin à Los Alamos. Hier ils ont fini tard, la séance ne démarrera qu’à 14h. Verdell est impatient, chacun tue le temps comme il peut, Verdell est scotché devant la TV, je fume comme un pompier, prend quelques notes, réécoute les maquettes, prépare ma séance. 13h RV avec Tim le boss et ingénieur du studio Stepbridge. Longue conversation sur le boulot à faire, Tim a souvent bosser avec Verdell & Johnny. Il ne faut pas les speeder, les mettre en confiance, on organise la partie technique et on va discuter avec Verdell qui est toujours à côté, dans la guest house du studio scotché devant la TV. Verdell semble anxieux sans son frère, ils se sont retrouvés hier -ils ne s’étaient pas vus depuis 2 mois- Verdell préfère attendre ici.

Studio

Retour au studio avec Tim, je prépare quelques séquences témoins pour les prises. 14h Johnny n’est pas là.

Tim me rassure, Johnny n’arrivera sûrement pas avant 16h mais le studio est libre jusqu’à demain et les 8h de séances ne commenceront que quand tout le monde sera là.

On est à Santa Fé pas à L.A.

Mais il me dit aussi qu’une fois ils ne sont pas venus ; enfin ils sont arrivés 2 jours plus tard, le studio était booké,

l ‘enregistrement n’a pas eu lieu ! Indian time !

Longue attente, Tim est très bavard, il ne sait pas que je connais déja Verdell & Johnny.

Il m’explique ce que je sais déja, à savoir que ce ne sera pas une séance comme les autres, ce n’est jamais une séance comme les autres avec ces chanteurs, ce ne sont d’ailleurs pas de simples chanteurs mais des chanteurs spirituels, des chanteurs-guérisseurs.

Parmi les rares chanteurs vivants qui perpétuent la tradition du chant de guérison Peyote et qui essaient de la partager. Les seuls qui acceptent de chanter en dehors des cérémonies Peyote ou Native American Church. Les seuls qui composent, qui en font une musique. Ils ont inventés le principe du Two For One, leur manière si particulière et assez compliqué de chanter en duo. Verdell & Johnny sont souvent appelés pour venir guérir des malades dans la réserve, des cérémonies qui durent entre 2heures et 2 jours. Les patients consultent évidemment des médecins, vont à l’hopital... mais ils font appel à Verdell & Johnny pour retrouver leur place dans leur famille, au sein de leurs amis, de leur groupe, pour une guérison morale, pour retrouver une harmonie dans leur vie, pour retrouver les forces initiales de la nature.

La difficulté est de rendre “musical” ce chant de guérison, de garder son pouvoir et sa force tout en le rendant audible et appéciable à d’autres qu’aux seuls anthropologues.

A Music for the Heart. A Music for the Soul. A Music for the Body.

16H00 Tim ramène Verdell au studio. Johnny arrive vers 16h30,

Verdell & Johnny

17H00 l ‘enregistrement commence, 1ère chanson très belle, on sent qu’ils ne sont pas encore au mieux, mais ça monte vraiment bien.

Ce chant est incroyable, ils chantent avec une espèce de voix intérieure très faible, la bouche ne remue pratiquement pas, il y a beaucoup de bruits ambiants de respirations de chaises ; mais dès qu’on commence a faire un doublage, la magie est là, ça fonctionne.

18h00 la 1ère est en boite, mais on sent que ça va être dur pour les garder concentrés, Tim est sans arrêt obligé de leur parler, de les rassurer, ils veulent souvent arrêter et venir écouter.

Garlo, Verdell & Johnny

La séance se poursuit a peu près correctement jusqu’à 21h00. Petit break, quelques hamburgers, c’est de plus en plus difficile de les faire passer derrière le micro.

Les discussions dans la cabine sont interminables et magnifiques, malheureusement, je n’ai aucun moyen de les enregistrer... Leur rôle dans leur communauté, les dernières cérémonies réalisées, leur enthousiasme de travailler avec moi.

Verdell tient à écouter un morceau de KAZÉ, ils se mettent à chanter en écoutant le SHÔ japonais, la boucle est bouclée, je sais qu’on pourrait tous jouer ensemble, si différents et si proches.

Mais tout ça n’est pas et ne sera jamais sur la bande.

On décide pour la 4ème chanson -la dernière- de tenter une petite expérience, découper leur vocable par une guitare.

 

Verdell à la console

 

On répète dans la cabine. L’enregistrement commence, la magie est là mais les voix sont à côté, les callages incertains. On attaque la deuxième prise, il est déja 24h00 -ma session de 8h est déja presque fini mais Tim tient à continuer. La 2ème est très longue, la seule solution que j’envisage est d’enregistrer une version la plus longue possible, en espérant pouvoir après sauver quelques trucs... c’est fini.

Merde pourtant le morceau pourrait être magnifique, (Il l’est, ces carnets ont été écrits à chaud).

Je pars à 5H30 chercher un motel pour dormir un peu.

Je ne trouve qu’un motel cher et pourri, tant pis.

 

 20/10/00 Zuni time in the studio 

10H00 au studio, café et tacos.

11H00 Super retrouvaille avec Fernando Cellicion, on discute de la séance à faire et de la possibilité de produire éventuellement un CD de flute traditionnelle en plus.

Fernando est enthousiaste.

 

Fernando

Nous décidons de faire d’autres prises et des photos chez lui à Zuni mardi prochain. Fernando est mieux reconnu maintenant, les fabricants lui offrent des flutes pour leur promotion, il tourne un peu partout dans le monde avec un spectacle traditionnel zuni .

La séance est un rêve, en 4H00 on a le temps d’enregistrer des flûtes, des samples de tambours, des voix et un Pow Wow song Zuni.

Tim me donne quelques heures de plus pour faire une mise à plat des voix d’hier. Bon on a 3 chansons super en boites.

Je repars chercher un motel vers 21H00.

 

 21/10/00 From Santa Fé to Gallup 

Je repars.

A la sortie de Santa Fé, il se met à pleuvoir, il pleuvra jusqu’à Gallup.

Pluie

A Gallup, Motel nettement moins cher qu’à Santa Fé !

Santa Fé est l’endroit à la mode et donc très cher, beaucoup de stars de cinéma vivent dans les montagnes aux environs (Gene Hackman, Val Kimer...), la ville est très arty avec beaucoup d’artistes, de galeries et d’artisans. La mode est native / New Age, partout des guérisseurs, des psys, des jacuzzis zen, des healing jacuzzis, healing psys, et même des zen & healing native shamen... Waouh. Le côté sympa c’est le mélange blanc,mexicain, native ultra présent. En dehors de ça, c’est très/trop touristique.

Gallup est considéré comme LA ville native “THE HEART OF INDIAN COUNTRY” ( entourée par les réserves navajo, apaches, pueblo...) et la capitale de la bijouterie native. 80% de la bijouterie en argent du Sud Ouest des USA passe par ici.

Le vieux monsieur très sympa qui tient la galerie de peinture-magasin photo me reconnait.

Petit tour dans le centre, enfin dans la rue du centre. Il fait très froid, je décide que mon vieux blouson en jean a finit son temps et en achète un nouveau mais doublé plus chaud que mon vieux machin pourri.

Merde le magasin de musique de Ralph a fermé. Repas mexicain.

 

 22/10/00 Gallup & Tsaile 

Gallup airport

Je trouve un Fédéral Express à l’aéroport municipal de Gallup, et envoi les bandes en france, ce sera plus sûr.

Départ vers Tsaile.

Crystal

De retour chez Mark et Lisa, soirée “je raconte le studio”, best of de Tex Avery, et tambour hopi- celui du père de Lisa (cottonwood et peau de chèvre).

Mark lui est à fond dans ses calculs de sattellites, de réceptions analogique et digitales... Il est en en train de mettre au point des liaisons entre le NCC et différents villages de la réserve ( et désormais ça marche, des élèves de toute la réserve peuvent recevoir les cours en direct du collège).

Il sort de ses chiffres pour me montrer un super bouquin sur les inventeurs d’instruments barjots , Waouh...

 

 23/10/00 Le temps se dégrade 

Temps pourri, pluie, gros nuages et grêle.

Un tour au Diné collège ou je suis présenté aux élèves en art.

Repérage de Sleek Rocks avec Lisa, après demain je reviens seul, je veux être sûr de trouver la piste et de ne pas m’embourber.

Boue

Ben c’est mal barré, la piste est gorgée d’eau et juste avant d’arriver, je me retrouve coinçé.15 minutes et j’arrive à repartir en arrière.

S’il continue à pleuvoir, je ne pourrai pas revenir.

En ce moment, Lisa adore les palyndromes :

SO MANY DYNAMOS

TRACI TORE EROTIC ART

MADAM, I’M ADAM

 

 24/10/00 Recording sessions in Zuni Pueblo & RAIN RAIN RAIN 

Tsaile, Crystal, Window Rock, Gallup, Zuni, je vais enregistrer plus de matière avec Fernando et faire quelques photos.

On ne peut pas enregistrer chez Fernando... trop bruyant, il m’emmène dans un ranch... trop de cris de porcs !

On va chez son fils, ça marche, on s’enferme dans sa chambre et on lui fait baisser le concert des Stones à la TV.

Prises. Magie d’une flute solo.

Déjeuner à midi dans le seul café de Zuni pueblo.

En fin d’après midi, séance photo sur la Plaza, là ou a lieu les cérémonies.

Scéance photo

 

Scéance photo

Bonne journée. A part le retour à Tsaile. Apocalyptique. Il pleut des seaux d’eau, je finis à 10 miles à l’heure. Il pleut en Arizona en octobre ?

Incroyable pour tout le monde.

Le vrai danger c’est quand tout à coup, une bordure rompt et qu’une rivière de boue déboule sur la route.

Les amis native de Lisa m’appellent le sorcier blanc.

Come back quand tu veux, on adore la pluie” !

 

 25/10/00 Muley Point, Jour 1 

Matin très froid, tout est gelé, neige dans la montagne.

En route pour Muley Point avec Lisa.

Tsaile/Lukachukai /Round Rock/ Rock Point / Mexican Water /Kayenta/ Monument Valley/ Mexican Hat / Valley of the gods, et on attaque la montagne pour monter jusqu’à Muley Point....

3h de route.

 

No wind

Nous sommes en Utah, et nous voyons Monument Valley au loin. Installation, photos et ....

pas de vent.

J’attends 3h, je dois démonter...

Je reviendrai seul demain.


 26/10/00 Muley Point, Jour 2 

Moins 5° ce matin, mais le soleil arrive.

8h, je suis sur la route et repart à Muley Point.

Route Muley Point

11H00 Muley Point.

Juste avant d’arriver j’ai failli m’enliser dans la partie de la piste qui retient l’eau... c’est vraiment passé de justesse.

J’en ai marre de cette pluie.

Heureusement aujourdhui, Soleil, froid et Vent ! Pas énorme mais suffisant pour enregistrer jusqu’à 15h00 tous les accords dont j’aurai besoin.

Prise de son

Seul c’est assez speed, au début j’accorde la guitare et la basse dans la voiture, je les installe et enregistre, je m’aperçois très vite que je n’aurai pas le temps de tout faire comme ça. Ensuite j’accorde la basse pendant que j’enregistre la guitare etc. Pas un visiteur de toute la journée.

Grosse peur à un moment, je suis avec mon casque sur la tête et tout d’un coup, un CRRroassement énorme... un corbeau est à 3/4 mètres de moi, il viendra se balader assez régulièrement.

Je lui parle, il est content et ne fait plus de bruit.

Prise de son

Un autre compagnon aujourdhui : un lézard assez gros vient assez près de la mixette.

Bonnes prises.

Ouais enfin, j’ai réussi à chopper 2 jours de soleil dans cette quinzaine de pluie.

1 Jour de soleil pour les photos et un jour de vent pour les prises.

Bien.

 

27/10/00 This is the end 

Ce matin quelques photos du Canyon De Chelly, Massacre Cave, Mummy Cave et Antelope Pass. En rentrant, je vois un coyote écrasé au bord de la route et ... 2 chiens qui commencent à le manger ! Un peu plus loin, un corbeau attend son tour.

Déjeuner à la cantine du collège.

Départ pour Farmington avec Lisa, Rachel et Albert qui descendent faire des courses et du shopping.

 

Nous décidons de passer par la montagne Buffalo Pass (la fameuse ou j’avai failli rester coinçé il y a 2 ans, depuis ils ont refait la piste). Albert est monté avec moi, nous suivons le pick up de Lisa. C’est bon ça patine un peu parfois sur la partie non goudronné mais ça passe.

Shopping, et aux revoirs en fin d’aprem... ils repartent vers la réserve.

Motel, pizza, bière et hockey Pittsburg/New York 3-0.

Film débile à la TV .

ALLWAYS NOTHING ON TV.

Malgré les dizaines de chaines... il n’y a rien. La mode en ce moment (Halloween ?) c’est les films d’horreur débiles et les émissions paranormales ( fantômes, magie,esprits...). Plus en permanence, les émissions de télé-achat, de cuisine, d’infos, de météo, les messes, les émissions liturgiques....

Jamais de sexe ni même d’érotisme.

 

 28/10/00 To the Eas t

10h à l’aéroport de Farmington, très froid, ciel chargé.

Rendre la voiture, 1950 miles au compteur,3200 kms en 12 jours,

Km parcourus

12h Beech 1900D pour Denver, 9 passagers... ça remue.

19h45 Envol vers Londres.

 

 29/10/00 

... 23h de voyage.

Depuis 2000 ...


Un disque pourrait être prêt depuis longtemps mais...

Le fait d’avoir vécu quelques temps dans la réserve, d’avoir vécu avec ces musiciens et ces natives, d’être au courant de toutes les récupérations dont ils font l’objet ( la suite de l’extermination et de l’aculturation ? ) implique que la réflexion s’imposait avant toute chose.

Tout comme on a pu parler de japonisme, il y a un indianisme, une vision idéalisée du mode de vie des natives. Et si l'on va sur place en touriste, pour chercher cette “image”, on risque de chercher longtemps et d'etre déçu.

J'ai eu la chance d'y aller 3 fois et de rencontrer assez vite des autochtones qui respectent leur culture tout en vivant dans le monde moderne. Et écouter l'album le plus techno de David Bowie dans une voiture en plein milieu du désert avec un navajo, un Zuni, une métis navajo-hopi est un bon moyen de rapprochement inter-culturel...

Comment traduire tout ce vécu par la musique ?

Comment faire écouter ce qui a été enregistré - intense mais plutôt soft et retenu ( le côté Sud Ouest du pays)  sans tomber dans le Santaféisme (newage soft zen native mood) tout en faisant comprendre la vraie vie ( en dehors des clichés plumes, teepees ... ), en dehors du worldmusic system réducteur ? ? ?

En écrivant d’autres chansons, en faisant des rythmiques d’aujourd’hui, en s’attachant au fond et pas au cliché,

Réflexion, essai, travail, poubelle, on recommence,  repoubelle.

Peut être qu’on peut faire de la musique avec des musiciens très éloignés sans faire absolument du voyeurisme musical.

Peut être qu'on peut parler de ce que l'on veut sans forcément rattacher ça aux indiens, simplement ça se passe aussi là bas,

On est très touché par le génocide et l'aculturation subis par les indiens-native, du fait de l'image d'hommes libres, fiers et proches de la nature avant l'invasion. Mais on est peut-être d'autant plus sensible à cette aculturation du fait que l’on a sous les yeux le prélude de ce qui arrive à l'échelle planétaire : l'émergence d'un système et d'une culture imposés à tous, qui tend à compresser les différences, à uniformiser les aspirations et les idéaux.

L'invasion au niveau mondial d'un modèle de pensée, de vie de culture unique. Les indiens ont été parmi les premiers à perdre certaines de leur croyances, leur mode de vie, de pensée. Ils ont très vite été rattrapés par d'autres indigènes, les nomades, les tribus les plus faibles ou les plus différentes, mais aussi maintenant par une bonne partie du monde... les différences s'estompent.

Il ne s'agit pas d'antiaméricanisme.

Les massacres et la lutte contre les cultures native ou différentes ont d'abord été l'oeuvre des européens qui souhaitaient imposer leur mode de vie, de pensée, leur religion au monde. Il se trouve que la puissance et le pouvoir sont désormais americains. Je ne suis pas contre les américains. Je suis contre les plus gros , les plus puissants qu'ils soient américains ou européens, rouges ou bleus.

Je suis contre ceux qui veulent absolument que le monde mange, boive, pense, s'amuse comme eux .

Et je suis contre tous ceux qui suivent ces principes sans même une pensée contradictoire.

Mais je suis plus optimiste désormais.

Certes les différences entre tous les peuples se sont normalisées, mais elles existent et vont peut être perdurer, voire s'accroître pour une quantité de raisons différentes mais parallèles. Un signe par exemple : Bush dans son désir de lutter contre les indécis et les non-alignés, a dit

 

 qu'il n'y avait plus que deux solutions, être avec lui ou contre lui, et bien il ne se rend pas compte qu'après avoir dit ça, je suis contre lui et une grande partie de la planête aussi.

A un tout autre niveau, les indiens ( du moins certains, ceux qui ont des réserves assez vastes ) vont, je pense, être sauvés par la nature. L'Ouest américain, le ciel, les paysages vont permettre un retour à leurs traditions par leur exemple, par l'écologie et le tourisme s'ils arrivent à maîtriser ses atouts.

 

Mais revenons à la musique...

Le titre prévue “Strings & Wind” sera modifié, trop arty, trop réducteur.

Ce sera sûrement un album comme Kaze ( cd franco japonais ) qui ne trouvera pas sa place dans les bacs-disquaires ( trop moderne et pas assez cliché pour le bac world music, trop marqué pour les autres ); un album qui aura une âme-reflet de toutes ces rencontres, expériences, mélanges.

Encore une fois, je pense qu’il est désormais possible de faire de la musique, de parler à la première personne, d’évoquer des constats réalistes et des sujets politiques qui me touchent avec des musiciens autres que ceux de mon quartier sans pour autant faire de la World music, car ces questions, ces constats, ce feeling est partagé aussi par d’autres musiciens aux quatre coins de la terre.

Il s’agit de EARTH MUSIC.

Je ne fais pas de la World Music parceque je joue avec un flutiste Zuni.

Je joue avec ce flutiste Zuni car je suis sur la même longueur d’ondes que lui.

Evidemment cela débouche sur une musique hors des standards et des classifications musicales habituelles.

ça débouche aussi sur la chanson “PEOPLE” enregistrée durant l’été 2003 par 200 terriens qui sont venus chanter la différence, l’humanisme, la multitude des peuples.

La Earth Musique n’est pas cantonnée à un style musical particulier.

Elle réunit au contraire, dans plusieurs styles, des musiciens tous préoccupés par l’humanisme et par notre terre, des musiciens qui, tout en cultivant leurs traditions, vivent dans un monde moderne et souhaitent que la globalisation actuelle ne se cantonne pas à l’économie marchande.

Je ne suis qu’à 9 000 km de mes amis musiciens japonais.

Je ne suis qu’à 9 000 km de mes amis Native américains.

Les musiciens japonais ne sont qu’à 9 000 km des Native américains.

Nous ne faisons pas la même musique mais nous la faisons de la même manière.

La terre n’est pas si grande !

Il y a à la fois beaucoup et très peu de différences entre les musiciens rencontrés en Europe, au Japon et dans les réserves Navajos et Zuni.

Beaucoup de différences dans leurs vies quotidennes, mais si peu dans leurs musiques.

Le rêve serait de pouvoir un jour réunir ces joueurs de Taïkos, de Batterie, de flûte Zuni, de Violon, de Shô, de Basses électriques, de Tambours, ces chanteurs de guérisons...

 


 La réserve Navajo

Population environ 220.000 - Superficie : 17 500 815 acres - Constitution depuis 1938

Akêhe : merci

Yei Bichei : kachina navajo

Les mésas : montagnes aplaties

Wash : les lits asséchés de cours d’eau.

Hozho : l’harmonie.

La réserve est la plus grande des USA, elle s’étend à cheval sur l’Arizona, le Nouveau Mexique, l’Utah et le Colorado.

Les navajos sont des descendants des Athapaskan de l’Ouest du Canada, ils se sont installés ici entre le 14 et 16ème siècle.

Cette région était autrefois peuplé par les Anasazis (200 BC-1300 AD). Le mot Anasazi vient du Navajo et est traduit soit par “Les Anciens” soit par “ Les Ancètres ennemis”. Des vestiges d’autres tribus ont été trouvés et datés ( entre 11.000 ans et 1300 avant JC).

Les hogans, l’habitation traditionnelle ronde ou hexagonale, basse et bien isolée. 1 seule ouverture vers l’est, le toit avec beaucoup de bois et de terre isole du soleil. Même les navajos habitant des trailers ou des maisons gardent tout de même un hogan à proximité.

Canopy : shelter house (4 poteaux et un toit fait de branches fraiches servant de protection du soleil)

Une blague navajo : Qu’est ce qui est long et dur chez un homme hopi ? Son nom !

Ainsi Lisa Richards s’appelle en fait Lisa Sekaquaptewa Richards.

Pourquoi les navajos sont ils souvent obèses ?

Certainemment à cause du mélange Fry Bread (pain frit dans l’huile), coca, sucre, Junk Food ... Mais le fry bread n’est pas l’aliment traditionnel; après qu’ils aient été déplacés et enfin autorisés à rentrer chez eux, l’armée ne fournissait que de la farine et du lard et leur a appris à frire le pain. Résultat, l’obésité est un des problêmes majeurs sur la réserve.

Les stoppeurs partout qui ne font pas de stop. Avec un pick up truck, on s’arrête, les stoppeurs montent à l’arrière sans dire ou ils vont et tapent à la vitre quand ils veulent descendre.

Les navajos sont les seuls indiens pratiquant l’élevage (moutons, vaches et chevaux). Les navajos adorent les chevaux, les élèvent, les montent, les achètent, les vendent, les regardent, en parlent, font des rodéos...

Les bergers à pied, à cheval, en pick up, en moto, en quad.

L’alcoolisme : DRY RESERVE, réserve sèche mais les vendeurs d’alcool sur les voies d’accès à la réserve.

En 97, j’avais été un soir au Tropics -entre Window Rock et Gallup (c’était la 1ère fois qu’on me demandait ma carte d’identité avant de me servir- au Nouveau Mexique il faut avoir 30 ans pour être servi si on ne vous connait pas), le propriétaire gère son bar de façon très stricte mais tout ce qui est buvable est en vente ici, sur place ou à emporter (le bar a été ouvert par son arrière grand-père, et n’a pas tellement changé depuis).

Les Bootleggers sur la réserve, tout le monde les connait mais ils sont tolérés par la police du moment qu’ils font eux mêmes la police.

Les animaux écrasés sur la route, partout et beaucoup.

Les navajos ne touchent jamais un cadavre, ils laissent ce boulot aux corbeaux.

Les animaux non écrasés sur les routes : chats, chiens, vaches, moutons, chevaux, corbeaux.

La beauté et la diversité des paysages, déserts mais aussi montagnes, canyons...

La chance pour les navajos d’être nombreux sur un lieu très vaste.

45% de chomage !

Un peuple artiste : tissage, bijouterie, sculpture et peinture à profusion. Les vendeurs de bijoux, de poterie, de couvertures ... sur tous les lieux touristiques. Et bien qu’il existe maintenant des fabrications à la chaine, j’ai pu voir à Gallup le lundi des dizaines d’artisans qui vendent leurs productions et achètent les matières premières.

La radio KTNN moitié musique native et country, des émissions en anglais et en navajo.

Le peuple sacré (Yei / Grand coyote / Grand serpent / le peuple du vent / du tonnerre...) Ils sont capables du bien comme du mal , on arrive à les manipuler grâce à des chants et à des prières.

4 Le chiffre navajo. 4 points cardinaux, 4 montagnes délimitant la réserve, quatre plantes sacrées (mais, courge, tabac, haricot).

Hataalii : Chanteur. il fait les rites guérisseurs. Il ne connait que quelques chants associés à des peintures de sable. Ce n’est pas un shaman ou un sorcier. La guérison ( morale plutôt que médicale) est collective.

 

 


La réserve Hopi

Population environ 9200 - Superficie 1 561 213 acres - Constitution depuis 1936

“Don’t worry, be happy- hopi” chanson remake en vogue et autocollants partout.

Les panneaux routiers “For your safety, bucckle it”, deviennent ici “For the safety of the hopi, bucckle it”.

1st Mesa, visite en groupe obligatoire.

Les hopis sont les descendants des des Sinagua qui vivaient dans des pueblos plus à l’Ouest, ils se sont installés ici au 12 et 13ème siècles pour une raison encore inconnue.

Pour les hopis, cette région est le centre du monde. 2 énormes rochers (Corn Rock) s’effondreront pour annoncer le cataclysme, et seules les 3 mesas survivront.

Les hopis se sont installés sur les hauteurs pour se défendre, ils se sont bien défendus mais sont maintenant complètement encerclés par la réserve navajo.

La réserve parait bien plus sèche et aride que les terres navajos avoisinantes.

Au loin le Mont San Francisco, un des lieux ou habitent les kachinas. Les nuages sont très souvent autour, et les prières hopis consistent à faire venir les nuages vers les mesas aux moments voulus.

Walpi, la plaza ou se déroulent les fêtes, les spectateurs s’assoient sur les toits tout autour. 2 échelles émergent de salles souterraines-les kivas- réservées aux danseurs et aux maitres de cérémonie.

Les cérémonies sont désormais interdites aux non-native.

Les kachinas sont à la fois les poupées, les danseurs et les esprits de toutes les choses et êtres de la vie hopi ( plantes/animaux/forces cosmiques/ancêtres, clowns... et même maintenant hockeyeurs).

Les kachinas dolls étaient des cadeaux sculptées pour apprendre aux enfants à les reconnaitre ( il y en a plus de 200 ).

Chaque année, l’oncle sculptait une kachina et un des danseurs était chargé de la remettre à sa nièce durant la cérémonie.

Ce sont désormais les navajos qui sculptent les kachinas de manière industrielle. Tourisme, tourisme...

Certains hopis avaient le pouvoir de réduire leur taille et de se télétransporter jusque sur les pics de Monument Valley.

 


La réserve Zuni

Population environ 9000 - Superficie 421 481 acres

La langue zuni est différente de toutes les autres langues amérindiennes,

 La réserve est petite- 9000 habitants, les habitations de style pueblo - maisons en adobe, fours extérieurs en adobe.

Zuni est l’un des grands centres de création de bijouterie traditionnelle (argent et turquoise), beaucoup d’artisans pakistanais se sont même installés ici.

Zuni pueblo accepte encore des non-native lors des cérémonies traditionnelles ( contrairement aux hopis), les photos sont interdites.

La cérémonie la plus connue est Shalako

Les zunis ont adopté la religion catholique mais en la transformant un peu, en y rajoutant leurs propres cérémonies et dieux traditionnels.

Comme Fernando me l’explique, “quand les missionnaires leur ont expliqué qu’il fallait en finir avec leurs dieux payens mi-hommes mi-animeaux et qu’ils ont ouverts la bible avec à la première page Adam et Eve nus avec un serpent, les zunis ont vite fait de gamberger et de faire leur propre mélange”.

El Morro : Les américains visitent El Morro car il y a des inscriptions dans la roche datant de 2 ans avant l’arrivée du May Flower.

Les espagnols sont venus ici étant persuadés que Zuni était l’une des 7 villes en or de la légende.

En fait El Morro est beaucoup plus intéressant du fait que cette mesa était le seul point d’eau disponible dans la région. Un bassin naturel retient l’eau de pluie et de fonte des neiges.

De tous temps, les hommes ont vénérés cet endroit.

 


Modestes Haïkus des 4 corners :

LA ROUTE, LES MONTAGNES

LE CAFE CHAUD

AILLEURS, IL PLEUT.

 

LE SOLEIL SE LEVE

LA MONTAGNE EST ROUGE

LES CORBEAUX SUR LE CHIEN ECRASE

 

LE DESERT SI BEAU

CANYON DE CHELLY

JE, SUR LA ROUTE NAVAJO

 

TRAVERSER LA RIVIERE

REMONTER LE CANYON

REGARDER OU ON MET LES PIEDS

 

LE HOGAN ET LA PISTE

LA MESA ET LES CORBEAUX

YA NA TEH HI

 


 Merci :

 Al

Art

Cipaudio

Dine

Élément Terre

Fernando Cellicion

Johnny Mike

Keith

La Boulangerie

l’OARA

La Région Aquitaine

Laurent

Lisa Sekaquaptewa Richards

Mark Richards

Mark

Martin

Pascal Monjanel

Survival International

Synkro

Ralph

Tim

Tous les chanteurs de “People”

Verdell Primeaux

Yumiko

Zina